lundi 24 février 2014

nucléaire dans l'ensemble ex-soviétique - 10 Avril 1995



                                                                NOTE pour le Ministre

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                            La question nucléaire dans l'ensemble anciennement soviétique, a été jusqu'à présent trop vite regardée comme de responsabilité uniquement russe. La Russie ne contrôle pas les sites hors de son territoire, dont les statuts juridiques, notamment au Kazakhstan, sont divers. Elle contrôle technologiquement un ou plusieurs segments des deux processus de production d'énergie nucléaire, mais pas leur totalité (sites d'Aktau à neutrons rapides sur la Caspienne, que sont censés connaître Framatome et le CEA, ce qui est controuvé à l'expérience que j'ai faite avec ces institutions sur le terrain, d'Oust-Kamenogorsk dans l'Altaï, presqu'aux confins sino-russes : enrichissement d'uranium à fins militaires, et de Steppnogorsk, jamais encore visité, au centre de la zone dite des " terres vierges"). Ses propres sites dépendent de productions au Kazakhstan. Et la communication intellectuelle ou matérielle entre les sites est à deux niveaux, celui d'accords gouvernementaux, dont nous ne savons à peu près rien, et celui des relations inter-entreprises que nous connaissons mal, faute de nous être intéressés au sujet commercialement et politiquement.

                        Nous avons prêté la main à la prolifération en ne monnayant pas - Européens moins encore qu'Américains - les matières en stock et les outils hérités de l'Union Soviétique. Et en bâclant la reconduction du traité de non-prolifération. Les gouvernements ont besoin d'argent, et les entreprises de la filière ont besoin de clients.

                            L'Iran est au coeur du débat entre les Républiques ex-soviétiques. Il contrôle une part de la question difficile en droit international du statut de la mer Caspienne, lequel emporte la validité ou non des permis azeris et kazakhs. Il constitue le débouché alternatif, commercialement et en circuit d'évacuation, pour le pétrole en mer ou autour de Tenguiz, au Kazakhstan. Il est pressé de jouer ce rôle, que l'émancipation des satellites soviétiques peut lui donner. Les Américains n'auront pas, au niveau gouvernemental, de prise sur leurs sociétés pétrolières soucieuses de rentabiliser leurs investissements en Asie centrale et donc de " sortir l'huile ". La seule chose que Moscou peut offrir à Téhéran, pour se concilier le grand voisin du sud dans les questions pétrolières et en fait pour une reprise en main des Républiques ex-soviétiques, c'est le nucléaire. Le Kazakhstan est l'enjeu autant que le maillon de cette double relation pétrole-atome. NAZARBAEV a commencé cet automne d'envisager une évacuation méridionale de son pétrole.

                            Ce qui semble pour nous la prolifération nucléaire (dont Allemands et Japonais profiteraient : les Allemands introduits par des affinités ethniques à Oust-Kamenogorsk, et les Japonais finançant en partie des démantèlements) est dans l'ancienne Union Soviétique la question de savoir jusqu'où peuvent aller et iront donc les indépendances des Républiques successeurs. L'Union Européenne n'a jusqu'à présent fait qu'accompagner les Etats-Unis dans la pression politique, et s'est déchargé du reste financier et commercial, au risque de consolider le monopole américain et de renvoyer à terme les Républiques "nucléaires" dans le giron russe./. (10.IV.95)

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