mercredi 2 avril 2014

lettre à Martine Aubry



Madame, chère grande ministre,

je vous ai souvent écrit depuis 2010 et vous avez bien voulu me répondre, depuis des projets de politique extérieure à défendre par notre candidat à l’Elysée (j’ai souhaité et voté que vous le soyez) jusqu’à votre maintien désirable à la tête du Parti socialiste.

Ce qu’il vient de se passer – non pas les résultats des municipales qui n’apprennent rien sur l’impopularité et le ressenti des erreurs et lacunes d’une politique voulue par notre seul Président – mais bien le changement de Premier ministre (nommer son propre rival pour le tuer par un échec à Matignon ? ou se mettre soi-même la corde au cou ?) fait de vous, encore plus qu’en 2010-2012, un recours. Le recours.

Vous êtes personnellement significative et structurante en politique intérieure depuis votre collaboration avec Jean Auroux, il y a maintenant trente ans, et votre action dans le gouvernement de Lionel Jospin. Par votre père, vous incarnez et manifestez une continuité pour que notre pays soit de nouveau l’inspirateur d’un sursaut européen. Deux drapeaux, une même force.

Le pays est à bout parce qu’il n’est plus animé depuis des années, que ses élites tant en politique qu’en entreprise l’ont trahi ou le déserte et qu’il ne discerne plus la moindre perspective, aussi bien pour qu’aboutisse la médication budgétaire à laquelle se consacre – en simple directeur d’administration centrale – le président de la République, que pour le très long terme de son avenir, de sa survie. Plus que d’autres peuples européens, nous sommes humiliés par cette non-existence de l’Union et autant que les autres lassés de cette non-démocratie dans le fonctionnement d’à peu près tout à Bruxelles.


pour Madame Martine AUBRY, ancien ministre, maire de Lille
Hôtel de Ville
place Augustin Laurent, 59000 Lille
03 20 49 50 00
La Cinquième République – avec le quinquennat, avec les non-démissions de Jacques Chirac en 1997 et en 2005, avec les abus de Nicolas Sarkozy – a perdu son âme et ses spécificités originelles. Le système des partis est en déliquescence puisque socialistes, U.MP. et centristes ont perdu leurs sources et n’ont plus d’identité ni électorale ni spirituelle, que les frustrés se balladent du PC au FN, que les jeunes s’absentent trouvant tout « glauque ».

Il y a donc à faire et à être. Vous êtes politiquement intacte, et vous êtes disponible. Et vous êtes habile et ne vous dispersez pas en courses à la communication.

En regard, je suis atterré par ce que ces bientôt deux ans ont montré de l’élu du 6 Mai 2012. En vie privée, en indécision à l’automne de 2012 à propos d’Aulnay et de Florange (le non-choix d’une nationalisation temporaire, le manque d’autorité personnelle dans les tête-à-tête avec Varin et avec Mittal), en inexistence dans le concert européen et maintenant en totale inélégance (et imprudence) à lâcher un Premier ministre d’une loyauté et d’une constance certaines. J’ai espéré et supplié par de nombreuses lettres et des courriels, point par point, d’erreurs en occasions manquées. A peine reçu mais pas accueilli pour le fond. Ce que bien des Français doivent subir qu’ils cherchent à atteindre personnellement le Président, ou pas.

Naturellement, il ne s’agit pas de fomenter un putsch au sein des socialistes. S’il se fait d’ailleurs, il sera spontané et d’ambiance consensuelle sans qu’il y ait nommément à y pousser ou y mettre la main… Il s’agit, n’est-ce pas ? de préparer la relève, de remettre au pouvoir et dans le mouvementla gauche, ses héritages, ses générosités, son atavisme autant que sa capacité à inventer par la participation de tous les siens, contagieuse – comme le furent nos primaires – pour tous les Français de cœur et de bonne volonté civique, patriotique.

J’aimerais être en relation directe avec vous, notamment par internet, et vous rencontrer dès que vous en aurez la possibilité d’agenda.

Ci-joint, comment j’avais vécu votre débat avec François Hollande, lors de la primaire et ce que j’ai constamment proposé à ce dernier, depuis. Ci-joint également, un schéma pour le changement. Il a été élaboré, en marge de l’écriture d’une politique-fiction à bientôt paraître où le Président change complètement de cap,  gouverne selon les nécessités et les vœux des Français, et continue de s’appuyer sur Jean-Marc Ayrault. Je l’ai donné à Bernard Combes et répétitivement à Pierre-René Lemas. Et la proposition de mon emploi, joint aussi à la présente.


Sentiments très confiants, espérance, estime

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