mardi 8 avril 2014

la déclaration gouvernementale du nouveau Premier ministre, Manuel Valls - commentaire pour l'Elysée




----- Original Message -----
Sent: Tuesday, April 08, 2014 11:48 PM
Subject: déclaration de politique générale

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

je n'ai pas encore lu le texte exhaustivement et je n'ai pas suivi la séance à l'Assemblée nationale.

Cependant, les échos reçus - à l'instar de tout Français ou citoyen "moyen" - me font réagir sur deux points :

1° division par deux du nombre des régions à date proche, et suppression du département d'ici 2021.

Pas de concertation, la "réforme territoriale" version Sarkozy était vomie de la gauche et de la plupart des élus, l'accréditation d'un des tics les plus fréquents des médias et des politiques : le mille-feuille administratif (comme l'image de l'usine à gaz depuis deux décennies...).

La démocratie n'a pas de prix. Ce n'est pas sur les niveaux de participation, d'élection et de gestion que l'on fera des économies substantielles. En revanche, dans un pays où l'on va de moins en moins aux urnes, on supprime des occasions de proximité pour la décision et pour le contrôle. On fait perdre aux Français déboussolés par la mondialisation, des repères du genre clocher, appellation du département. On a déjà depuis 1964 assez de mal à faire fusionner les communes. Cas exemplaire, pour les deux départements alsaciens pourtant propices à une fusion, "économisant" un échelon au profit de la seule région Alsace, les populations ont refusé la proposition par referendum. Amnésie des administrations et du gouvernement, quel qu'il soit ? et c'était le meilleur cas possible.

En revanche, un autre processus concernant - non pas les territoires, expression affreuse sauf, ce qui n'est malheureusement plus, quand elle est appliquée à de grandes solidarités : défense opérationnelle du territoire, aménagement du territoire - mais les collectivités locales aurait pu ou pourrait s'engager. Dans deux directions. Les compétences. On veut éviter les chevauchements et les doubles emplois, qui ne sont pas occasion de dépenses, sinon pour payer quelques bureaux ou fonctionnaires de plus, mais lieux de soutiens, de subventions, donc de rencontre entre élus et recours des populations. Il faut au contraire innover par des compétences à la carte selon les collectivités, non selon leur niveau, mais selon les endroits, les populations, les problèmes à régler. Pas de compétences uniformes et pas de taille réglementaire pour les collectivités. Laisser choisir, laisser se faire sécessions et mariages. CVertains régions veulent fusionner, vg. les deux normandes, très bien. Nantes et la Loire-Atlantique sont évidemment bretonnes, très bien. Ce qui peut amener à réinventer la région des Pays-de-Loire autrement, en diminuannt ou augmentant. On peut avoir une région-département de la taille d'un arrondissement pour le pays basque, et ainsi de suite. Arrivera-t-on à un peu plus ou un peu moins de régions ou de département à l'issue d'un premier processus, qui pourrait ensuite rester loisible ? peu importe. Libertés locales, le si vieux thème français, Louis VI le Gros et les communes, fondation française s'il en fut. Une concertation pas parisienne, pas partisane, mais locale et apaisante. Les Français organisant eux-mêmes leurs collectivités. Pour le plus grand nombre des départements, cela ne bougera pas. Pour les régions, il y en aura de plus grandes et de plus petites, mais cela ne changera pas trop non plus. ne cherchons pas - une énième fois - le modèle allemand des Länder. Ils ont des compétences fédérales et constitutionnelles, il en est qui ont la taille d'un Etat européen important, ainsi la Bavière (que j'ai eu le bonheur de bien connaître au temps de Strauss), mais surtout il y a une participation locale et villageoise.

Politiquement, cette annonce ne peut que multiplier les adversaires, y compris sinon surtout au sein de la majorité. Elle est une erreur dans le libellé, dans la contrainte, dans la motivation.

A Europe 1, que ma femme a écouté en voiture, un président de région ou le président de l'assaociation des présidents de région ? - le nom a-t-il été donné ? ou ne l'a-t-elle pas retenu - a dit ce soir qu'un "conseiller de l'Elysée" lui avait téléphoné hier : le rassurer, cela ne se fera pas. Si c'est vrai, nous nous mouvons désormais dans le système politique le plus dangereux. J'espère qu'elle - puis moi, par elle - nous avons mal compris.

2° " coup de pouce pour les plus modestes "  

Annonce éventée dès le milieu de la matinée. Coût, cinq milliards en dépenses publiques, alors que Bruxelles et le système de Maastricht nous censurent et ne nous croient plus du tout (le refus de délai a coincidé avec la nomination du nouveau Premier ministre et nous nous sommes donnés l'humiliation d'envoyer les deux ministres de Bercy à Berlin... et selon les médias, ceux-ci n'ont pas voyagé ensemble, et n'auraient pas tenu le même langage... là encore le système politique le plus dangereux). Et ces milliards pris sur les régimes sociaux pour que les entreprises ne soient pas ponctionnées. Or, nous sommes depuis 2003 dans un cycle de réforme des retraites, chaqu fois sauvées pour vingt ans, soi-disant. Il semble que des cinquante milliards à trouver, on n'en soit qu'à trente-cinq. Et toujours cette date de réalisation : 2017, qui pour les Français est surtout celle de l'élection présidentielle. Pédagogie ? puisqu'il est prétendu que c'est le premier art du politique. En réalité, le contraire d'une considération sincère des élus pour les citoyens.

Les commentaires censément techniques ou inspirés résument les manipulations de charges et de revenus en annulation des mesures fiscales prises par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault à son entrée en fonction.

Je persévère : nous ne nous en sortirons pas selon les paramètres de ces six ans écoulés. Les extrêmes à droite et à gauche n'ont de proposition que le repli sur nous-mêmes. Le renouvellement du Parlement européen est au contraire l'occasion toute naturelle de voir au grand angle : proposer la démocratie directe et la négociation de nouvelles règles pour le commerce international. Seuls, les anti-Europe ont commencé de discourir. Ni le Président ni le Parti socialiste ne s'approprient le thème, cette échéance qui peut être le retour à une inspiration française de l'entreprise européenne.

Il est sans précédent sous la Cinquième République qu'une centaine de députés dits e la majorité, s'identifient publiquement comme hostiles a priori au nouveau Premier ministre.

Je ne conclus pas sur mes sentiments personnels. Vous les devinez.

Seul sans-faute depuis huit jours, Ségolène Royal. Le don de la formule : pas d'écologie punitive. Trajectoire présidentielle ? 2007... 2017... ?

Pactes ? le mot a vite fait sourire dans l'entre-deux-guerres puisqu'un des partenaires se dérobait. Il en est de même aujourd'hui, et faire oublier que celui de responsabilité est mort-né par l'énoncé depuis quelques jours d'un pacte de solidarité, dont les partenaires ne sont pas dits, me semble artificiel

Chaleureusement.

Aucun commentaire: