vendredi 4 avril 2014

une feuille de route pour le Président

----- Original Message -----
Sent: Friday, April 04, 2014 2:33 PM
Subject: feuille de route pour le Président, si ce n'est pas déplacé d'en proposer une

Quitte à développer , un peu plus tard, dans des notes séparées, ...  voici quelques réflexions et suggestions :
 
1° l'évaluation de l'impact du changement de gouvernement dans l'opinion publique...Il me parait nécessaire de ne pas s'y attarder. Médias et opinion ne sont pas en phase. Pour l'opinion, c'est indifférent. Il est cependant intéressant de noter que, contrairement au précédent d'une cohabitation Mitterrand-Rocard, Manuel Valls n'a en fait pas d'image forte et que sa nomination ne suscite aucune adhésion se manifestant particulièrement. La présentation générale par les médias est contradictoire : un remaniement et pas un changement, le nouveau Premier ministre au défi de lui-même (soit) ou en co-présidence avec le Président, selon un "deal" dont on ne voit pas le contenu, sauf à supposer (ce qui n'est certainement pas) que le Président ait programmé sa succession et à date précise en faveur de l'impétrant
 
2° les municipales dont le résultat serait le cause de "tout"... doivent être relativisées. Deux choses à mon sens ont dominé. La volonté de changement dans la conduite des affaires locales, quelle que soient les étiquettes, donc une prime aux "challengers", un discours général peu propositif et axé sur les comportements des maires sortants. La désaffection grandissante pour la politique, notamment chez les jeunes de 18 à 30 ans. Ces deux interprétations font conclure que ni le Président ni son gouvernement d'il y a encore trois jours n'étaient vraiment en ligne de mire. Il faut noter que le Front national ne bénéficie pas d'un raz-de-marée mais se banalise aussi bien dans la pensée des électeurs que pour des tractations actuellement au seul niveau local, mais qui ne peuvent manquer d'aller au niveau national. Noter aussi que la manif.pour tous quelles que soient les intentions affichées une fois adoptée la loi Taubira, n'est pas parvenue à s'organiser en mouvement politique, alors que l'enceinte municipale et un questionnaire sur la bioéthique s'y prêtaient
 
3° pour qu'il y ait nouveau cours, il faut une politique totalement nouvelle par rapport à l'unique réponse donnée depuis 2008 à la "crise" qui a été uniquement l'adaptation aux marchés financiers, telle que relayée avec ses propres moyens de coercition, selon les textes européens en vigueur, par la Commission. Rien n'aboutira, même cosmétiquement, sans changement des paramètres. Je l'ai synthétisé dans mon ABC pour le pouvoir actuel (cinq mois de date), je le rédige de nouveau pour vous donner une note de deux-trois pages sur les moyens de nous en sortir, et avec un tel éclat que nous serons en position d'en discuter ensuite avec nos partenaires. Au lieu d'être dans les cordes face à la Commission et à ses disciplines habituelles. Ayant passé la journée d'hier à Paris, notamment dans le métro, j'ai expérimenté sans l'avoir prémédité que cet ABC rien que pour un ou deux points, intéresse vivement. Imaginons les partis, sans plus de perspective électorale, discutant avec un usager ou une usagère, repéré pour son maintien ou son visage sympathique ou marquant, sur le ton de la rencontre tandis que le métro va d'une station à l'autre, et "popularisant" un ou deux remèdes, en énoncé simple et tranquille.
 
4° pour qu'il y ait nouveau cours, il faut aussi une communication totalement différente. Je n'ai pas immédiatement et ici de remède "miracle". J'y réfléchis, vous l'écrirai, mais je pose la question ce qui sans doute fait piste pour les réponses. Les incantations, les déclarations d'intention, les engagements prospectifs sont sans effet sur les données et les faits, leur prise sur l'opinion est devenue nulle parce que rien ne s'est vérifié. La communication doit provoquer, motiver, justifier adhésion et intelligence. Modèle du genre, le général de Gaulle dans l'affaire algérienne et la France attentive. Elle peut également être une mise en mouvement, encore de Gaulle : la réduction à peu du putsch du 22 Avril 1961, le sceau à la manifestation du 30 Mai 1968. Et évidemment le 18 Juin 1940. Caractéristiques : répondre à une attente populaire, distribuer les rôles, celui du pouvoir disant sa solution et sa décision, celui des citoyens appelés à concourir, vg. lancement d'un emprunt citoyen en substitution au financement de la dette par les marchés.
 
Ce ne doit pas être la confusion du prédécesseur entre décider et communiquer, c'est-à-dire occuper le devant de la scène et faire croire. De Gaulle annonçait et expliquait des décisions, en exclusivite et en réponse autant aux circonstances qu'à l'opinion, laquelle lui délégua longtemps de faire face aux circonstances. Jamais un programme, la décision créait le fait. Le commentaire et l'adhésion portaient sur le fait, non sur le dire. Ce qui suppose donc une politique. La communication n'est pas un moyen de gouvernement, elle doit être un fait.
 
5° l'actuel Premier ministre, avec le recul maintenant, semble physiquement précaire et fragile (santé ? médication ?). Sa relation avec le Président va probablement permettre une nouvelle expression et une pratique du rôle du Premier ministre dans nos institutions. c'est nécessaire. Depuis la cohabitation de 1986, Matignon servait de tremplin pour l'Elysée, même si cela ne fonctionna pas pour Jacques Chirac en 1988 ni pour Edouard Balladur en 1995, ni pour Lionel Jospin en 2002, ni pour Michel Rocard ni pour Dominique de Villepin. Ou bien était desservi par des personnalités moindres, quoique méritantes, depuis 1991 jusqu'au très estimable Jean-Marc Ayrault. Manuel Valls n'est donc pas le successeur potentiel du Président, même s'il le souhaite. En revanche, le Président - que cette nomination a très heureusement (ou habilement) placé en arbitre entre toutes les sensibilités et les courants de gauche et de "progrès", et donc en incitateur ou en protecteur du nouveau Premier ministre, qui avait été jusqu'au 1er Avril très clivant et à la Sarkozy - doit préparer le long terme, c'est-à-dire une rénovation de l'ensemble du jeu politique. La situation de déclin national et la difficulté de nous convaincre nous-mêmes puis nos partenaires européens des voies et moyens de sortir, en Phénix, de la crise, appelle manifestement le consensus. Les partis décriés aujourd'hui ne retrouveront raison d 'être positifs pour le pays que dans un cadre à trouver - ce consensus sur le fondamental - et pour manifestement seulement le pluralisme des Français et les alternatives dans la mise en oeuvre de ce consensus, selon des sources et origines propres à chacun, mais que chacun a manifestement perdues, notamment gaullistes et socialistes. Le Président peut et doit chercher-trouver la manière d'engager cette évolution.
 
Deux personnalités précises sont signifiantes, intactes et jouissent d'une forte identité dans notre opinion : Martine Aubry et Ségolène Royal. La responsabilité du Président est de faire en sorte que ces deux personnalités - il se trouve qu'elles sont ensemble de gauche - ne soient pas rivales, pas non plus complémentaires, mais tout simplement ensemble, et démontrant quelque chose qui n'est malheureusement pas assez courant dans notre pays, un véritable esprit d'équipe. Ce qui fut le point fort du Premier ministre précédent. Mise en valeur, d'initiative présidentielle comme c'est heureusement entrepris pour Ségolène Royal, qui n'a rien à voir avec des cautions qu'apporteraient des personnalités placées, vg. celle de la gauche du PS slon Benoît Hamon, alors que celui-ci ne représente que l'appareil et ne put sans doute pas en répondre vraiment, vg. celle d'un sympathique populisme d'estrade mais sans crédibilité pour les partenaires dans notre économie, Arnaud Montebourg...
 
6° en revanche et en lien avec 2° et 4° : l'échec des intégristes, le rôle du peuple. Le Président doit encourager le mouvement social, à responsabilité partagée avec le peuple? Aulnay et Florange, des "capitulations" gouvernementales sinon présidentielles, mais aussi une absence de réaction forte des Français. Même si ce doit être des manifestations d'hostilité aux politiques jusqu'à présent menées, tout mouvement doit être encouragé quand il est social. Je vous donne ci-joint un tract que je crois d'importance car il ne se présente pas en coalition d'appareils, mais en rencontres de personnes et de responsables à titre personnel, même si - je le suppose - les organisateurs sont en bonne partie repérables, et repérés. Il se fonde sur quelque chose d'analogue au mouvement de Novembre 2012 : des gens écoeurés veulent le faire savoir fortement. dans le cas-ci, c'est aussi le scandale pour des sensibilités de gauche ou tout bonnement et simplement citoyennes, que la rue depuis la victoire du 6 Mai 2012 ne soit occupée que par la droite... 
 
Communication, consensus, choix de la radicalité pour le nouveau cadre de l'économie et de la délibération démocratique, relation avec le peuple... me semblent la tâche du Président pour ces mois-ci. C'est de la "politique intérieure". Je n'aborde pas ici nos relations internationales. Elles sont pour l'heure pitoyables sauf quelques-unes.

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