mardi 28 octobre 2014

au point où nous en sommes - esquisse d'une letre au président de la République


l’Etat ne se donne plus la possibilité d’agir, la République tolère la corruption d’élus et le déni de confiance dans le peuple qui n’est plus consulté, le service public et les grands acquis patrimoniaux de la France sont à l’ancan, la morale publique et les parcours, emplois ou carrières n’ont plus qu’un critère l’argent, ce dont la politique générale et dans le détail confirmée de mois en mois, malgré l’élection présidentielle de 2012, est une mise en pratique constante. Tout est considéré selon l’argent et les coûts au point de vue public, toute entreprise ne et les notoriétés personnelles sont fonction du pouvoir, du réseau, de la fortune. Comment vivre en solidarité entre nous ? et en continuité de notre histoire ? si nous demeurons dans cette ambiance et n’avons en tant que France et chacun de nous de réussite que selon l’argent. Quelles autres convictions sont maintenues ou suscitées ? Et cette culture-même de l’argent n’aboutit à aucun des résultats comptables escomptés, elle enfonce le pays dans une dépossession économique de lui-même sans précédent et dans une paupérisation et un semi-assistanat psychologiquement désastreux, moralement indéfendable. L’Etat, détruisant des emplois autant que les entreprises, et les élus trop souvent inciviques personnellement ou sans plus aucune référence nationale dans leurs choix. Le régime figé, chaque fois pour cinq ans et sans sanction pour les promesses non tenues ou les gestions ratées, malgré les tolérances et sacrifices des Français.

Elu président de la République, vous en êtes responsable à proportion même de votre mission d’’opérer notre redressement et note retour à nous-mêmes.  Le sens commun aussi bien que nos expériences, parfois proches d’un résurrection – ainsi la Résistance et la Libération – inspirent les remèdes. Aucun n’est pris depuis une décennie que la crise est devenue manifeste. Depuis votre investiture par le Parti socialiste et très fréquemment depuis votre élection, je me suis permis de vous exposer – directement par lettre ou par le truchement du secrétaire général, Pierre-René Lemas puis Jean-Pierre Jouyet – réflexions du moment et proposition d’ensemble pour un pouvoir actuel. Je vous redonne celle-ci.

Le pays ne peut plus attendre de quinquennat en quinquennat le seul assouvissement d’ambitions personnelles de moins en moins propositives d’un vrai dessein français, et donc européen. Nous ne pouvons plus attendre en l’état la fin régulière de votre mandat. Notre vie politique ne peut pas risquer de place en parti d’opposition exclusive le Front national face à la confusion et à l’exercice gouvernemental des partis perdus de mémoire et d’étiquette, à peine réactifs et de contrainte : l’U.M.P. pervertie et machinale, sans la moindre mémoire de sa vraie origine, et le Parti socialiste, votre parti sommé d’abandonner toute contestation et imagination sociales pour gérer à perte de tout.

Il faut revenir à la démocratie. Il faut retrouver notre liberté de jugement. Ni nous-mêmes, ni l’Europe – manifestement sans inspiration depuis 2005 – ne pouvons continuer ainsi. Il faut de l’immédiat et un choc. Votre impopularité n’est pas haine envers vous, elle constate que vous avez manqué plus encore à votre fonction qu’à votre parole et les institutions de la Cinquième République – adoptées par le peuple français, par nos parents et ascendants, à l’appel du général de Gaulle – ne vous protègent pas. Au contraire, elles vous poussent à l’initiative et vous en donnent les moyens. Impérativement.

Démissionnez maintenant pour anticiper l'élection présidentielle et vous y représenter.

                        Tous les partis, chacun en quête de candidat et de changement de nom – y compris le Front national et pourquoi ne pas changer celui même de notre pays, à suivre tous ces conseils ? – seront pris de court.

                       Cette décision, à vous seul, et cette campagne très brève, solitaire mais irradiante, va vous faire – devant nous tous et à lécoute de nous tous – en  toute liberté, réfléchir, hors du quotidien, et fera réfléchir le pays à qui lui-même et tous les partis, tous les candidats possibles et imaginables, ne proposent rien. Réfléchir au point où nous en sommes à tous points de vue et en tout. Apports, adhésions, dynamique de groupe d'ampleur nationale sans considération des étiquettes, ni des engagements et contraintes de structures et de circonstances extérieures, subies ou consenties ou détestées jusqu'à ces jours-ci dégageront la voie et la formation nécessaire pour tout commencer. Cela cristallisera autour de vous si médiocre qu’ait été l’allure de votre première moitié de mandat. Le ton et la vérité vont vous venir, de cette inspiration populaire que votre décision aura provoquée.

                      Un gouvernement de dix-douze membres, un Premier ministre d'expérience et de dévouement seront nommés avant cette anticipation, l'Assemblée nationale reste naturellement en place pour la suite de son mandat, l'actuel président du Sénat qui fera l'intérim constitutionnel, est sauf au physique transparent.

                        Pas de bla-bla, pas de porte-plume, pas d'état-major de campagne parce que pas le temps : " vingt jours au moins et trente-cinq jours au plus " selon l'article 7 de la Constitution. Vous avez vu, et nous expérimentons, consternés, chaque jour, ce que produisent les conseillers, entourages et soigneurs.

                        Quand, dans notre pays depuis toujours... quand, sous la Cinquième République..., il n'y a plus de tête à la France, c'est l'hallucination collective. Nous y sommes. Pour que Michel Rocard ait que vous ne pouvez ni ne voulez vous représenter alors que la moitié du quinquennat reste à courir, qu'aucun de vos prédécesseurs ne s'est jamais ainsi auto-mutilé, pour que Manuel Valls ajoute à la collection de ses blasphèmes l'abandon du sigle socialiste parce que le qualificatif serait "passéiste", il faut bien que le Président – vous-même qui l’êtes ! – ayez  disparu. Mercredi 29 Mai 1968...

                         Démissionner, vous représenter, réfléchir, puis dire à l'unisson du pays - éberlué puis forcément ressaisi par la puissance de l'inattendu : la révélation d'un caractère, d'une lucidité, le sens du risque, la perception du drame - tout ce que nous allons faire pour être à nouveau... il n'y a plus que cela. Chacun doit avouer et avouera sa dimension, puisque plus personne ne sait et ne veut celle - vraiment - de la France. Vous allez être forcé, hors passé, hors erreurs, hors toutes ambitions puériles à tout prendre, Iznogoud et le khalife, pompier ou amiral, vêtements brillants pour les enfants, de vous trouver du fond. Je ne vous écrirais pas si je ne le savais en vous. Mais tellement bridé par une époque, dont je comprends seulement maintenant qu’elle est née … de mon temps. L’argent, l’ambition, la gloriole… les caïds de cour de récréation, dont la mixité aurait raison si dans les médias et un peu dans les gouvernements on n’avait pousé les femmes à avoir des outils masculins et à jouer de la séduction tous azimuts, malgré l’air docte et professionnelle. Vous pouvez montrer une personnalité que les circonstances vous donneront si votre rapport à vous-même – j’ai lu et j’approuve le livre de Valérie Treirweiler – n’a pas tout éteint. Président, cette initiative vous donnera une telle personnalité. Personne d’autre, puisque vous êtes seul de la fonction, n’en a les moyens.
 

Toute la suite sera mécanique. Le salut public automatique. Fin du défilé des cannes blanches. L'Etat, le sens du bien commun, le service public, 1917, 1944, maintenant. Un programme, non le vôtre, mais l’actualisation de tous les précédents français, et l’impératif d’une Europe répondant à l’ambition des fondateurs et aux évidences de maintenant autant qu'à l’intuition de chacun des partenaires de notre Vieux Monde craignant et souhaitant ce que nous, Européens signifiés par la France, devons être pour l’ensemble des peuples et nations ces temps-ci.

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