vendredi 7 novembre 2014

lettre à M. François Hollande, encore président de la République - à la suite des entretiens accordés à TF1 et à RTL



Monsieur le Président de la République,

je vous ai écouté avec attention mais tristesse, hier soir. Cette jeune chef d’entreprise – que vous devriez prendre sur le champ comme ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur – a tout dit quand elle a débuter en questionnant : « Quel gâchis, comment en est-on arrivé là ? » Gâchis de l’espérance et du vote des Français, mais tout autant gâchis de votre ténacité, d’un orgueil bien placé, d’une fonction qui permet beaucoup. La situation, au point de vue des institutions, confirme d’ailleurs que la clé de voûte pour la Cinquième République et pour la France n’est pas le Président, mais bien le peuple. Que celui-ci déserte et le Président est nu… quelles que soient ses prérogatives

Il n'est plus possible de tenir en l'état, nis vous, ni nous : votre courage et/ou votre orgueil légitime, votre fonction-même n'y feront rien.

Les propos d'Anne Hidalgo (dont il a été dit qu’elle fut si intime avec vous) ne sont pas admissibles : « rien ni personne ne me fera changer de calendrier », à propos des JO et de l'Exposition universelle (la fronde de Paris a des précédents, en dehors de la période qui porte ce nom avec majuscule : Jacques Chirac a saboté pour ne rien donner à François Mitterrand l'évidente exposition des deux centenaires de 1789 et de 1889). Les appréciations de Manuel Valls commentant pour le "recadrer" - cela depuis l'étranger ! - le président de la République, c’est encore moins admissible. Qui donc a placé ces deux personnes, d'ambition peut-être mais vraiment peu inspirantes, là où elles se trouvent en ce moment ? Les questions peu ingénieuses et peu efficaces des jourbnalistes se voulaient contraignantes, elles ont surtout dévalorisé votre haute fonction présidentielle.
Nos véritables enjeux n’ont pas été mentionnés ni par ces gens de l’art ni par vous-même :
- le fonctionnement européen se délabrant de jour en jour (Juncker ancien ministre des Finances et Premier ministre du Luxembourg, qui censurerait les pratiques de son pays, ces pratiques qui constituent sa fortune et sa rentabilité ? les délais pour les Etats qui doivent rallonger leurs cotisations budgétaires à l'Union ? nous-mêmes puisque nous avons fait la faute initiale de ratifier un traité budgétaire que Nicolas Sarkozy avait "négocié" mais n'avait, précisément pas, à s'appliquer pour son premier mandat) = tout cela banalisé
                          - le partenariat transatlantique de commerce et d'investissement alors que les fonctionnements militaires transatlantiques n'ont pas été adaptés et que les négociations ayant conduit en vingt-cinq ans au traité de Marrakech ont des conséquences désastreuses = tout cela dans le secret

Je reviens donc à ma lettre du 28 Octobre dernier : démissionner, surprendre toute le monde, dans tous les "camps". Vous porter candidat en disponibilité absolue au bon sens populaire et au patriotisme tant national qu'européen. Changer alors complètement de cap : l'Etat retrouvant ses outils et prenant le relais pour la direction de l'économie le temps d'un quinquennat et de sortir de l'idéologie dominante importée, le financement de la dette et des nationalisations temporaires par l'emprunt citoyen (aidé par le moratoire des dettes souveraines, secrètement décidé entre grands pays), la proposition de démocratie directe en Europe et chez nous.

                          Vous, le président de la République et avec vous : la gauche, la vraie, pouvez encore gagner. Par surprise. L'affaire jouée et bouclée en pas deux mois, selon la Constitution.

                           Sinon, nous allons vers une disparition de toute autorité personnelle et fonctionnelle, qui sera désastreuse pour le pays et pour la vie publique et sociale.

Et il n’y a pas que vous et nous, il y a cet immense combat entre des forces que vous aviez su qualifier au Bourget naguère, et les Etats, c’est-à-dire l’outil dont disposent les peuples pour avoir prise sur ce qui détermine pratiquement leur vie quotidienne, et les fait approcher de la décision : la démocratie. Le dépérissement de l’Etat qui devait couronner une société et une économie communiste abouties et fraternelles, c’est maintenant… c’est l’objectif et l’œuvre du capitalisme tel qu’il est pratiqué, et que les Etats le laissent pratiquer, se dépouillant à plaisir ? (on appelle cela des réformes !) depuis des années.

Nous devons réagir, la France doit réagir. C’est le seul combat maintenant, il justifie toutes les audaces. Vous pouvez encore l’emporter. Soudainement méconnaissable. Mais je crois cela possible, en vous.

En espérance,

avec vous.

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