mercredi 10 décembre 2014

prière de la France



prière de la France


Qui êtes-vous, Vierge Marie, mère de notre Dieu et Seigneur, Jésus Christ, pour nous, chrétiens en France ?

Certainement très familière, la Madonne qu’on prie à genoux, vous priant d’être notre reine, chez nous. Notre Dame en l’honneur de qui ont été bâties et consacrées la plupart de nos cathédrales. En mémoire de qui tant de nos filles, sœurs, épouses portent votre prénom, ainsi que Gabriel, l’archange de la décisive Annonciation, vous salua. Tant de lieux pour tant de circonstances locales ou nationales, le portent aussi. Louis XIII, conseillé par le si politique Richelieu, fit le vœu que vous avez exaucé et vous consacra en retour son royaume. Vous nous avez honorés ces derniers siècles d’apparitions et de messages, en si grand nombre et  souvent décisifs à des enfants, à des jeunes filles. La République, sombrant sous les coups allemands en 1940, plus adroits, mieux préparés que les nôtres, envoya son gouvernement d’alors, celui de Paul Reynaud, en corps constitué, à Notre-Dame de Paris, y prier pour la victoire, malgré tout. La République rétablie par le général de Gaulle, le peuple de Paris suivit celui-ci de l’Arc-de-Triomphe à Notre-Dame de Paris pour le Te Deum. Et dans votre cathédrale capitale, les grands de ce monde honorèrent autant les deux grands disparus que furent en 1970 et en 1974, l’homme du 18-Juin et son successeur, que la France, que vous.  

Qui sommes-nous ? Des sangs-mêlés, de nos ancêtres les Gaulois romanisés à tous ceux qui se sont joints à nous de siècle en siècle, nous prenant pour refuge ou nous choisissant explicitement, non pour ce que nous sommes, mais pour notre pays, ce pays appelé la France. A droit égal d’enfants adoptifs, de généalogie millénaire ou de ce matin par décret de naturalisation, ou même étrangers de papiers mais attaché à ce sol, à ces paysages, à cette langue et finalement à cet esprit, car notre peuple est théorique, il est œuvre de volonté, d’adéhsion, rien ne l’impose en géographie, il reste virtuel, il est tout histoire et c’est par l’histoire et le rayonnement d’une œuvre collective que nous nous sommes faits, que nous aimons nous reconnaître dans l’image idéale quand défaille notre pratique, que vacillent notre générosité et donc notre grandeur collective. Les enfants de France, de toujours ou de l’instant précédent, savent donc, en tant que tels, ce qu’est le spirituel, le fragile, ce qui revient à la grâce et ce qui incombe à l’effort, à la volonté.

C’est notre pays, en grave difficulté de discernement de son avenir, en faillite d’élites et de dirigeants, en respiration coupée par la braderie de nos patrimoines matériels et spirituels, qui vient à vous, ô Notre Dame. Vous êtes juive et votre fils, descendant de David par son père nourricier, votre saint époux Joseph, et les Français juifs peuvent se reconnaître en vous, ils ont tellement le sens de la famille, de la parentalité, de la maternité, de la tendresse paternelle. Vous êtes vénérée par les pratiquants du Coran et les Français musulmans peuvent vous prier avec leurs compatriotes chrétiens. Ils viennent de le vivre et montrer en Irak, pour la plus significative de vos fêtes : l’Immaculée Conception. Chrétiens enfin de foi native ou retrouvée ou cherchée – malgré que la « religion majoritaire » en France soit l’indiférence ou l’agnosticisme – qui sommes peut-être responsables de l’ensemble, de l’âme commune donnant au pays et à son peuple sourire et conscience.

Parce qu’à la naissance de la France, il y eut la conversion de ceux qui l’habitaient, et d’abord celle de leur dirigeant principal. Vous avez su, Vierge Marie, toujours – au contraire de la première Eve – inspirer l’homme par sa femme. Ainsi, la France est-elle devenue la fille aînée de l’Eglise, l’Eglise fondée par votre disponibilité, ô Marie. Oui, vous avez été en chronologie comme en théologie la première chrétienne et vous en demeurez  le parfait exemple.

La France, de sa naissance à maintenant, a cherché à vous le dire et aussi à le manifester au monde. Humblement, mais convaincu que – même au temporel – c’était l’avantage autant des autorités auprès desquelles j’avais été accrédité comme premier ambassadeur de France au Kazakhstan, que des chrétiens d’Asie centrale si dispersés mais si fidèles et ardents, j’ai reçu l’inspiration de faire s’établi les relations diplomatiques entre le Vatican et cette République anciennement soviétique et potentiellement musulmane. Peut-être pas les instructions du Quai d’Osray, mais certainement la responsabilité de la fille aînée et d’un de ses fils laïcs.


Bien avant 1994… le 10 Février 1638, Louis XIII obtenant un enfant selon son vœu à vous, Marie, et sans même attendre de savoir si ce serait un fils et donc l’assurance de sa propre succession, entendit, en remerciements éperdus « admonester tous nos peuples d'avoir une dévotion toute particulière à la Vierge, d'implorer en ce jour sa protection, afin que, sous une si puissante patronne, notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu'il jouisse longuement d'une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement que nous et nos sujets puissions arriver heureusement à la dernière fin pour laquelle nous avons tous été créés »

Quittant l’audience du pape Paul VI, le 31 Mai 1967, le général de Gaulle constatait devant la « colonie ecclésiastique française de Rome » « . . . quelle part notre pays, nous Français, ont eu depuis toujours, et ont aujourd’hui, dans la vie de l’Eglise catholique ! A tous les égards, qu’il s’agisse de la pensée, de la doctrine, de la théologie, qu’il s’agisse de l’action et de la vie religieuses, qu’il s’agisse de l’apostolat, des missions, que de Français et de Françaises, ceux que l’on connaît, ceux que l’on ne connaît pas, ont apporté leur dévouement, leur piété à cette œuvre immense qui toujour se transforme et qui jamais ne change ! . . . L’avenir : l’Eglise, la France aussi qui est sa fille aînée, le voient avec sérénité, avec fermeté, avec confiance. L’Eglise est éternelle et la France ne mourra pas. L’essentiel, pour elle, est qu’elle reste fiddèle à ce qu’elle est et, par conséquent, fidèle à tous les liens qui l’attachent à notre Eglise. »

C’est cette France – à laquelle les pères conciliaires, d’il y a cinquante ans, durent beaucoup de travailler et conclure selon quelques-uns de ses fils de foi et de talent : Congar, Daniélou, Lubac à la suite des prêtres-ouvriers ou du prodigieux intuitif Teilhard de Chardin – qui vient à vous et qui par vous veut aller du soir à l’aurore.

C’est la France de tous qui vous adresse cette première prière du fond des impasses où elle a conscience de se trouver sans dirigeants, sans repères, sans plus même la disposition d’elle-même pour comprendre ce qu’il lui arrive et pour continuer d’assurer dignité et pain quotidien à de plus en plus des siens. La prière que vous avez su lire aux lèvres et dans le regard des jeunes mariés à Cana.

Puisse la France, telle qu’elle est constituée, telle que tant la rêvent et l’espèrent, entendre ce que vous avez alors recommandé : faites tout ce qu’Il vous dira et que ses fils, vos fils le comprennent. Tous à Cana, à votre écoute : les hôtes et maîtres de maison, les jeunes mariés, les invités, les étrangers, les disciples et parmi nous, grâce à vous qui étiez l’invitée première de ces noces, le Christ.

Aucun commentaire: