jeudi 22 janvier 2015

courriel à l'Elysée - cohérence

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

permettez-moi quelques réflexions.

1° déchéance de la nationalité française, indignité nationale ?

Je sais bien qu'il n'est pas de la compétence présidentielle ni a fortiori gouvernementale de contester les décisions du Conseil constitutionnel. J'espère que notre juridiction suprême ne "validera" pas la récente décision frappant un de nos compatriotes d'origine marocaine.

Cohérence : la nationalité de naissance ou d'adoption (reconnue par naturalisation) est vraiment un attribut personnel, d'âme. Nous avons tant d'autres punitions à infliger. La nationalité ne doit pas être séparable de la personne. Le contraire s'assimile à la peine de mort. On peut être coupable du pire mais cela n'empêche pas d'être ou de rester français. Nous ne pouvons admettre non plus de reconnaître implicitement une possibilité - que n'a jamais considérée notre droit positif - la double nationalité. C'est une tolérance de fait que certains naturalisés ou se faisant naturaliser ailleurs gardent ou se fassent rendre leurs papiers d'identité d'origine.  Distinguer les nationaux et les binationaux pour ces déchéances serait  disposer du virtuel. Ne jouons pas avec le sacré ; nous voulons la stabilité : Lucifer, même "déchu" est resté un ange. Ne manipulons pas l'identité. C'est, pour nous tous, minimiser notre nationalité que d'en disposer pour quelques-uns, dès lors qu'ils l'ont de naissance ou qu'ils leur reçue. Et même s'il s'agit de trahison - ce qui n'a rien à voir avec le terrorisme - ne revenons pas à Vichy : les définitions sont changeantes, patriotes, terroristes. Il y a plus sûrement les criminels, les fous. Substantifs plus appropriés.

2° emplois à créer dans les services de renseignements et autres ?

Annonce flambante du Premier ministre, surenchère de l'ancien président... les témoignages de ces derniers jours montrent que la question n'est pas les effectifs mais le maniement complet - cohérence - des outils existants. Interception de Coulibaly à la fin de Décembre, rapport circonstancié : il n'en a pas été tenu compte. Mise au point au début de 2007 par un inspecteur des douanes devenu juge d'instruction, et supervisé par un préfet, d'un logiciel d'écoûtes internet et de recoupement en cascade des communications de ceux avec qui il avait été communiqué par les écoutés et ainsi de suite pour plusieurs "générations". Légalité respectée, coups de filet pour trafic de stupéfiants, mais manifestement pas de mise en oeuvre générale de cet outil, depuis. L'un des représentants de syndicats dans l'administration pénitentiaire a rappelé le gisement d'informations ponctuelles et psychologiques dont les fonctionnaires de cette administration disposent d'expérience sur les détenus. Leurs rapports et signalements restent négligés quoique transmis aux renseignements intérieurs.

3°  outrances

Depuis le 14, reprise d'une rivalité dans le paraître et dans le texte entre le Président et le Premier ministre, pour traiter de sujets - là encore d'âme - dont les Français ont manifesté du 7 au 11 qu'ils n'avaient rien à en apprendre de qui que ce soit et qu'au contraire : ce sont eux la référence et les pédagogues des "politiques", ce que ceux-ci ont d'ailleurs reconnu dans un premier temps. Le discours vers l'étranger a été manqué, la conférence de presse à Matignon a appelé par ses outrances et une forme de démagogie à décrire ainsi notre pays, les outrances de l'ancien président. La laïcité est par nature sobre et le contraire de la caricature, elle est dans notre expérience nationale inséparable de la démocratie, c'est elle qu'il faut exposer au monde, plus encore que la liberté d'expression.

Ne pas nous insulter nous-mêmes : ghetto, apartheid désignent le pire, le racisme, le contraire de l'humanisme, ce sont des mots et des rappels terribles. On ne peut jouer avec sous le prétexte de frapper quelques esprits en mal de copie ou de raccourci. La France n'a jamais été ce pays, même si certains d'entre les siens ont concouru avec l'ennemi pour tenter de faire d'elle une complice. Il faut que notre discours national - l'éloquence des marches du 11 Janvier a résulté de leur silence - puisse servir les démocrates dans les pays et sous les régimes qui abusent des crédulités et tendances théocratiques ou d'idéologies d'Etat. L'outrance au contraire les catalogueraient encore plus qu'ils ne le sont par les pouvoirs et religions établis.

4° civisme enseigné

Pas davantage que l'étude comparative des idéologies, des morales, des religions, le civisme ne doit être une "matière" d'enseignement avec un corps de professeurs formés ad hoc. Ce doit tout simplement imprégner la vie scolaire, et la présentation de toutes les matières enseignées à tous les niveaux de la maternelle à l'université et dans les "grandes" écoles. Il y a un art de penser, désintéressé et rigoureux, dont les politiques ou les doctrinaires de l'économie, l'établie et sa contestation, ne donnent pas l'exemple. Cohérence... ce qui inspire une vie nationale et les comportements personnels n'est pas une spécialité professorale.

Le service civique n'est ni facultatif ni un emploi : il doit être l'outil de la défense du territoire et de la cohésion nationale et sociale, donc universel, garçons et filles. Une institution pour le civisme ne peut être à numerus clausus : cohérence

5° enfin, le traitement des dettes souveraines.

Tardivement, ce qui aurait dû inaugurer le quinquennat actuel, est accordé aux Européens par leur propre banque centrale. A défaut d'une articulation avec les gouvernements nationaux et le Parlement européen, la BCE est entrée enfin dans l'économie du Vieux monde et dans la vie de ses peuples. Plutôt que les discours de convenance sur le terrorisme ou même l'union nationale, il faut une explication populaire de ce que signifie ces rachats de dettes. Au ministre des Finances de le faire - Michel Sapin a montré depuis vingt-trois ans qu'il a ce talent toujours pas vraiment gratifié ni mis à contribution. Et cette présentation doit être bien davantage popularisée et répandue que par un simple exposé parlementaire. A nous de veiller à ce que les taux ne soient pas haussés, de façon à ce que les banques "privées" soient vraiment incitées à financer les entreprises au lieu de placer à la BCE ou dans les "paradis". Et saisissons l'occasion de faire de cette chance tant demandée et attendue de notre économie, un fond de toile pour le dialogue social - deux démonstrations de sa panne actuellement : les chauffeurs-routiers, la place des syndicats déniée au MEDEF - et vous savez que je vois comme lien entre économie et social, le ré-établissement du Plan pluriannuel et de ses institutions comme de ses procédures. Michel Rocard, chargé du Plan en 1981 - je crois qu'ensuite jusqu'à la suppression du Commissariat en 1997 il n'y eut plus de ministre ad hoc - serait un bon propagandiste pour cette renaissance.

Evidemment, le montant concerné : ces mille milliards, est très insuffisant, et il faudra traiter l'ensemble de l'endettement public des Etats membres. Ce qui suppose en tout ou partie le moratoire, mais ce qui va s'essayer doit être salué, et nous pouvons nous en attribuer sinon la décision et même l'inspiration directe, du moins la parenté intellectuelle. Il serait dommage de ne pas le faire saisir par nos concitoyens, même si ce n'est pas vraiment - je ne le sais - le résultat de notre diplomatie.

Voeux chaleureux.

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