jeudi 5 février 2015

courriel à l'Elysée, à la suite de la conférence présidentielle

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

simplement quelques points à la suite de la conférence du Président, quitte à revenir - dans la lecture du texte - sur de la substance pour vous suggérer utilement des mises en pratique.

1° une occasion manquée, très malheureusement. Stigmatiser le supplice et l'atrocité pour assassiner cet officier supérieur jordanien, proche de son souverain. Relever que le roi et la reine ont donc été le symbole même de la solidarité de l'Islam et du Proche-Orient avec nous le 11 Janvier, que ce sont donc de véritable saints devant Dieu et devant les hommes, que ceux qui se vengent et les prennent en otages personnellement, sont au ban de l'humanité et de l' histoire. Devant les peuples, ils ont perdu

2° occasion manquée l'an dernier s'il faut parler consultations locales à l'occasion d'élections territoriales referendum de proposition présidentielle ou d'initiative populaire : dans chaque département, la population entière aurait dû être consultée directement sur les réagencements de la carte des régions, sans qu'il y ait de modèle de taille ou de cohérence a priori : le petit pays basque, la grande région Bretagne ou Normandie, etc... Vous savez que je considère cette lacune commise l'an dernier comme très grave pour notre pratique démocratique

3° je reviendrai sur la représentation proportionnelle. Nous ne pouvons dire, bravo les Français qui êtes si bien la France sans que les gouvernants et les politiques y soient toujours pour grand-chose, et les empêcher d'avoir des députés Front national s'ils le veulent. La démocratie, c'est aussi le débat, la mise à l'épreuve, la mise au grand jour et les prérogatives du président de la République ainsi que les procédures au Parlement permettent ce changement du mode de scrutin, sans que les moyens de gouverner échappent. Tout est trop figé depuis 2002.

4° confiance en la parole publique et en l'intégrité morale du politique : la réplique, le très mauvais exemple ont été donnés pendant la conférence-même. Que Pierre Moscovici à trois jours d'un scrutin exemplaire "chez lui", au lieu d'aller en ami faire les marchés et les rues, sans réclame que la rumeur pour soutenir son suppléant (je connais le Doubs, j'y ai crapahuté pour tenter de succéder à Edgar Faure à Pontarlier, de 1980 à 1989), se paye son pays pour lui dire qu'il a encore du travail à faire, qu'il démente son bienfaiteur qui l'a imposé à la Commission ... tout cela avec une science des médias pour que son propos soit repris en question au Président, alors qu'il a été un si médiocre ministre à Bercy et que son premier choix avait été DSK... soulève le coeur.

5° presque toutes les questions et réponses sont couvertes par ce que je ressasse depuis le début...
. réinstitution du plan quinquennal ou quadriennal avec toutes ses pratiques éprouvées pendant près de cinquante ans pour le dialogue social et la mise en commun des projets, des budgets et des financements
. réinstitution des administrations et pratiques de l'aménagement du territoire
. service national obligatoire et universel pour les garçons et les filles (âge et durée à débattre - articulation avec la réserve aussi)

Dans la forme, mais c'est bien le moins, le Président a été clair, il a souvent éludé mais sans que ce soit relevé. Il a eu de très nombreux bonheurs de définition et de formulation qu'il faudra sans doute faire retenir par les médias. Au total, démonstration d'un esprit très organisé mais évidemment pas "classable" politique : ni de droite ni de gauche, ou tout à la fois. - L'exercice lui-même très bien conduit en "table des matières", les questions se suivant très bien et dans le bon ordre, sans qu'aucune soit artificielle. Sauf à déplorer celle à propos de la camera cachée qui va certainement inspirer commentaires et enquêtes. Une mise au point lapidaire mais pas contestable est à préparer.

Il a enfin été très politique de réserver à ce moment l'annonce du voyage Kiev-Moscou et cela en compagnie d'Angela Merkel. La parole de la France et de l'Allemagne quant à l'extension supposée de l'OTAN vers l'ancien empire soviétique, doit être le pivot de la représentation au Kremlin. Nous pouvons reconnaître que nous n'avons pas été - nous les Européens d'Occident - très délicats envers la Russie en 1991-1996, que les adhésions ou pas des anciens "satellites" à l'Union et même à l'OTAN auraient dû être concertées entre Bruxelles et Moscou. mais - précisément - les traités européens révisés et refondus alors (Maastricht) ont consacré la satellisation de l'Union européenne par les Etats-Unis. Il n'y a toujours pas de défense européenne en propre. C'est l'intérêt à terme - de la "maison commune" : Gorbatchev repris d'esprit tout à l'heure par le Président - que la Russie par "la détente, l'entente et la coopération" en matière stratégique et militaire, aide et motive l'émancipation européenne vis-à-vis de Washington. Il y a là une très grande conversation à initier, dès demain.

Evitons de donner trop constamment du "grand pays" ni dans le dyptique de la conscience de nos capacités, dite en termes de confiance en nous-mêmes à gauche, et de volontarisme à droite. Nous sommes en grande difficulté à tous égards, il y a tout à craindre de la propension au djihad et du découplage Amérique-Europe à propos de l'Ukraine.

Chaleureusement.




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