mardi 3 mars 2015

courriel à l'Elysée - le pouvoir gâché, le citoyen honteux et humilié


Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

je ne sais si vous lisez de temps à autre la liturgie catholique de chaque jour, mais aujourd'hui, c'est "craché".

Ils disent et ne font pas. Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens : ils élargissent leurs phylactères et rallongent leurs franges ; ils aiment les places d’honneur dans les dîners, les sièges d’honneur dans les synagogues et les salutations sur les places publiques (évangile selon saint Matthieu XXIII 3 à 7)

Pépy pour la SNCF : la compagnie en croissance et avec des résultats positifs... ma femme et notre fille, incendie de la locomotive du TGV entrant à Massy il y a quinze jours. Cinq heures de retard pour arriver ensuite de Rennes à Vannes, en car. Rennes-Quimper en car. Clermont-Ferrand Béziers en car. Des cheminots lors du dernier mouvement social à la SNCF : nous allons devenir une entreprise d'autocars... L'un des orgueils de la France des années 1880 à 1980...

Areva et ses pertes, le sort probable d'Alstom et pas même entre Européens.

La gestion extravagante des plus petites questions : éco-péage ou traitement des concessions d'autoroutes.

L'injure aux salariées bretonnes : illettrées... aux parlementaires : émules de Madame Bovary...

La perte du sens de l'Etat et du service public, le recrutement et le discernement des élites pour seulement les former au goût du lucre : dégénérescence de Sciences-Po. avec la poursuite du démantèlement moral qu'on n'a pas empêché Descoings de perpétrer, fort de son mythe d'Harvard et Boston rue Saint-Guillaume.

Le manque total d'empathie avec les Français, leur possibilité d'élan, de générosité, faute qu'il y ait... digne de ce nom. Du 49-3 pendant les deux ans à venir. Le grotesque de notre ancien ministre des Finances promu notre "surgé." à Bruxelles.

L'a-démocratie : une réforme territoriale en géographie et en compétences sans consultation des Français, département par département en référendum local.

Le sort fait aux personnes de valeur et de fidélité : Jean-Marc Ayrault !

Comment n'avoir pas honte ? Et moi qui depuis Octobre 2011 aurai - en vain - demandé à servir et espéré que par intelligence sinon par conviction le Président gouvernerait tout simplement à gauche, s'il faut appeler ainsi - ce qui est d'ailleurs - une politique nationale fondée sur nos ressorts éprouvés depuis la Libération et l'ambition d'une Europe démocratique et indépendante. Humilié pour moi-même et plus encore pour cette France tant aimée et si capable.

Le cynisme comme exercice du pouvoir et recette pour arriver.

Oui, le pouvoir gâché par mépris puis peur des Français et de penser par nous-mêmes, de réinventer l'Europe, la politique, de nous donner à nous-mêmes et aux autres les moyens et la fierté de l'auto-gestion. - Depuis le lâchage sur Peugeot en Septembre 2012 contrairement aux dires du 14-Juillet, si ce n'était que reniement... mais c'est inefficace, perte de crédibilité et au total mésestime de nos partenaires pour nos dirigeants. Ceux-ci et ceux-là, médusés le 11 Janvier. La suite - un jour ? - sera qu'un peuple comme le nôtre ait été si tenacement mal gouverné et que lui-même l'ait toléré.

Je reçois ceci de Grèce, avec un grand décalage dans le temps. La France, mère des arts, des armes et des lois. La France, la Révolution et les droits de l'homme. Deux chefs du gouvernement grecs à l'Elysée en 2012 et ces semaines-ci pour être renvoyés à Berlin ! Et en Conseil européen, il y a deux ans, Papandréou troisième génération supplié de ne pas faire voter son peuple par referendum sur ces réformes dont aucune définition ni liste ne sont jamais données et dont la pratique est éloquente : privatiser, couper les moyens à la recherche, aux collectivités locales tandis que l'argent est mal placé : le Pentagone à la française...


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To: Bertrand Fessard de Foucault
Sent: Monday, February 9, 2015 2:37 PM
Subject: Re:

C'est sur les mots reportes ci-dessous qu'Alexis Tsipras, d'une voix chargée d'émotion, a terminé son discours historique de politique générale hier soir, devant le parlement grec. Le discours inaugural du premier dirigeant de gouvernement issu de la gauche radicale dans l'histoire du pays, qui a montré sa capacité à se hisser à la hauteur des circonstances.

Tsipras a été hier "vertueux", au sens de Robespierre: un sujet déterminé, prêt au combat et appelant son peuple à mettre toutes ses forces dans la bataille.


« Nous vivons des moments historiques. Les événements bouleversants des derniers jours portent la marque du peuple grec. Le peuple n’a pas délégué ses responsabilités, il y a mis son âme. Il n’a confié le pouvoir à personne, il a pris son sort en main.

Il a honoré les générations précédentes qui ont résisté et ressuscité ce pays. Il a mis en réserve de l’espoir pour les générations à venir. 

Il n’a pas simplement rejeté les chantages et les ultimatums. Il s’est levé.

Ce peuple ne mérite que le respect. Il mérite d’avancer fièrement, il mérite de vivre dans la dignité. C’est pour cela que ce gouvernement ne peut être que la voix de ce peuple.

A son honneur, à son histoire, à la culture dont il est le porteur, nous ne pouvons être que l’expression de sa volonté.

C’est pour cela que nous ne négocierons pas notre histoire.
C’est pour cela que nous ne négocierons pas la dignité du peuple.
Pour nous, ce sont des valeurs sacrées et intangibles.

Nous sommes chair de la chair de ce peuple, nous sommes issus des pages de son histoire, c’est ce peuple que nous allons servir.

Nous sommes chaque mot de la Constitution de ce pays. Nous avons prêté serment à cette Constitution. C’est à cette Constitution que nous resterons fidèles, et nous y resterons fidèles jusqu’au bout, pour que justice soit rendue aux rêves, aux valeurs, aux luttes et aux sacrifices du peuple grec ».

(Très long applaudissement debout et acclamations des députés Syriza, poing levé pour certains)
- traduction Stathis Kouvélakis -


From:
To: Bertrand Fessard de Foucault
Sent: Monday, February 9, 2015 2:32 PM
Subject: Re:

Désormais la sympathie pour Syriza ne suffit plus ; une solidarité agissante s’impose. Elle peut bousculer la Sainte-Alliance des nantis. « Les tyrans ne sont grands seulement parce que nous sommes à genoux », écrivait en 1574 un jeune homme de dix-huit ans, Étienne de La Boétie.



From:
To: Bertrand Fessard de Foucault
Sent: Wednesday, February 4, 2015 10:24 PM
Subject: Re:

Bon, je sais, je suis impardonnable pour ce silence prolonge, mais .... j' ai vraiment la tete ailleurs. Et puis les evenements sont tellement puissants, une veritable avalanche, impossible d' ecrire et encore moins de decrire, depuis quelques semaines tout avance a une allure hallucinante , produisant presque plus de bouleversements que l' on n' arrive a en consommer, et cela en pleine conscience que pourtant l' histoire se fait devant nos yeux, avec nous en premiere ligne, en meme temps acteurs et spectateurs. C' est a la fois passionnant, effrayant, dignifiant, enivrant et magique.

Quant a l' instant present, suite a la rencontre Tsipras-Hollande, les choses sont assez claires, et il faut lire attentivement les propos anonymes rapportées entre guillemets par Le Monde, un procédé couramment utilisé par les journaux proches du pouvoir pour rapporter de façon officieuse mais précise des propos effectivement échangés lors de rencontres officielles.



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La déclaration commune du président français et du premier ministre grec, mercredi après-midi à l’Elysée, a parfaitement respecté les formes.

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Non seulement Hollande n'accorde en fait le moindre reel soutien aux propositions du gouvernement Syriza mais il refuse même l'idée d'un "rôle de médiateur" (vis-à-vis de l'Allemagne) qui est qualifiée de "piège", car "on ne sait pas comment cela va se terminer". Ceux qui auraient encore des illusions devront rapidement se rendre à l'évidence. La confrontation avec l'UE est inévitable, à moins de capituler et de se déshonorer, ce qui n'est même pas imaginable. Face à cela, répétons le, il est du devoir des forces progressistes françaises et européennes de désavouer l'attitude de leurs gouvernements et de soutenir les demandes du gouvernement grec, qui parle ici au nom de l'écrasante majorité de son peuple mais aussi en faveur de la majorite des populations europeennes epuisees par l' austerite. Seulement pour ca, il faut bouger et se mobiliser. Et en urgence! 

Je t' embrasse de toute mon affection, en humeur pleinement combattive.








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