mercredi 11 mars 2015

Inquiétude & Certitudes - mercredi 11 mars 2015


Mercredi 11 Mars 2015

Les coups de fatigue sont signes de vie, le mécontentement de soi est lucidité et espérance. Secouer l’inertie ? rompre l’enchantement ?mes livres et encyclopédies sous la fresque brésilienne, on les croirait du château de la Belle-au-Bois dormant… La cabane, ce matin j’essaie de préparer le gondage des vantaux de porte. Le Loch, peut-être une solution cet après-midi avec Christian M. Le livre que je ne peux écrire : en avoir raison par le dialogue avec G., sans doute, seul témoin que je me donne parce qu’il me semble naturel, mais surtout par le travail. Mise en jambe, cette synthèse de notre moment politique entre « le 11-Janvier » dont il n’a été rien compris des politiques et finalement des commentateurs et médias, et la perspective du triomphe du Front national cette fin de mois. On ne s’aperçoit qu’au prononcé du verdict. La cause de la débâcle est la même que l’an dernier pour les municipales : les électeurs de la majorité en place et particulièrement de FH ont été trahis. L’opposition UMP n’a plus de chef depuis que NS a été jeté, de justesse, il y a trois ans, et elle ne présente aucune alternative au scenario grec dans lequel nous nous enfonçons, chômage de masse, diminution des retraites, des salaires et – paradoxe suprême – de la rétribution de l’épargne, tandis que notre patrimoine industriel est à l’encan et que même pour une affaire de péages autoroutiers le gouvernement (et Ségolène ROYAL perdue de réputation avec la cascade de loupés dans son domaine) est incapable de gouverner, levant des lièvres et envisageant la nationalisation pour faire conclure par d’autres qu’on ne change rien, pas même la hausse de ces péages…
Je n’ai pas encore lu le projet de loi, ou plutôt la proposition de loi sur « la fin de vie ». On n’a pas le courage politique d’appeler les choses par leur nom : une sédation profonde et irréversible est une euthanasie, ce qui n’est nullement diaboliser l’acte et la décision d’y procéder. Je crois, comme pour ce qui touche aux naissances et à l’avortement, qu’il vaudrait mieux que ce soit la jurisprudence et le cas par cas qui règle la conduite sociale, plutôt qu’un texte devenant évolutif, la liberté encadrée par le juge dans les situations limites ou donnant à penser qu’elles ne sont pas réglées en humanité, même si celle-ci est alors bien pauvre et démunie. Deux certitudes : le gouvernement ne pourra faire voter la proposition en force (« le » 49-3), il est excellent de mettre en exergue et en pratique la volonté du malade quand elle s’exprime et s’est exprimée par avance avec netteté. Précédent de ces rédactions couvertes par l’apparence du consensus : l’inversion désastreuse du calendrier électoral qui en attachant le renouvellement de l’Assemblée nationale à l’élection présidentielle, a achevé de figer par période de cinq ans, toute notre vie politique. Comme maintenant avec cette proposition bipartite (un élu UMP et un élu PS rédigeant ensemble), nous eûmes la collusion BARRE/ROCARD, après celle de VGE avec JOSPIN Premier ministre pour le quinquennat et forcer la main de JC.
Enfoncé dans cette stérilité et cette inertie de plusieurs années, mais porté par l’ensemble de ma vie si bénie et si heureuse …( j’en ai tenu par grâce et par goût, par besoin souvent, le journal souvent exhaustif et aujourd’hui m’apprenant beaucoup, et d’abord mon oubli factuel)… je suis plus dans l’espérance et la certitude de la lumière que jamais, bienveillance et accompagnement de Dieu, devoir de bonheur et de réussite, responsabilité insigne des autres, de mes aimées et de tout ce que j’ai à laisser en ordre. – La nuit est encore là, chaleureuse, pas froide, le feu a repris, les chiens sont silencieux.
Prier en présence… en action de grâce… beauté rude et simple de l‘église Saint-Pie-X à Vannes, perplexité sur la pastorale confiée à la communauté dite de l’Emmanuel pour les deux paroisses ensemble, la patronyme et Notre-Dame-de-Lourdes. Oratoire et exposition du Saint-Sacrement également très beaux. Mais l’ensemble… pas d’âme. Jeunesse extrême du visage photographié des deux desservants, dont l’un célébrait la messe au fin fond du département dans l’école autogérée par des parents, et m’avait paru très convenable jusqu’à décliner le simple envoi à lecture facultative de ma proposition quotidienne de partage : le mur pour le partage, l’ouverture, le bain mutuel de notre pauvreté et aussi du reflet que nous sommes de la vie, de la création.
Prier… Dieu dans nos vies, nos demandes et aussi ce qu’Il nous a été déjà donné. La solidarité psychologique du mouvement d’espérance avec le mouvement de mémoire, et les deux ensemble avec notre propension naturelle, si souvent méconnue ou pervertie à la communion universelle, à la sympathie active pour autrui. Garde-toi de jamais oublier ce que tes yeux ont vu ; ne le laisse pas sortir de ton cœur un seul jour. Enseigne-le à tes fils, et aux fils de tes fils c[1]. Jésus sur la même ligne impérative : celui qui rejettera un seul de ces plus petits commandements, et qui enseignera aux hommes à faire ainsi, sera déclaré le plus petit dans le royaume des Cieux.

06 heures 38 + Couriellé à l’Elysée. – Je lis les contributions données à la France catholique. Dire qu’aider à mourir c’est manquer au respect de la dignité humaine, est illogique. La plupart des comparaisons avec le psychisme animal sont inexpérimentées : vivre avec des animaux, notamment ceux dits de compagnie, ou passer quelques instants à dialoguer avec une vache de quelconque rencontre apprend tout autre chose que ce que je lis. Personne ne sait comment un mourant, même dans le coma ou inconscient selon nous, vit réellement sa mort. Personne ne sait le dialogue du mourant avec la vie, avec les siens, avec le possible néant, avec la vérité de Dieu. Je souhaite des constructions jurisprudentielles, débattues cas par cas à plusieurs si cette même communion pour la décision ne s’est pas faite au chevet de l’intéressé, le mourant, au chevet de celui qui nous précède dans l’absolu dont nous avons tous une telle nostalgie, de naissance. – Fantastique, le site de l’épiscopat, l’Eglise catholique en France : eglise.catholique.fr  ne donne, à cette heure, rien encore sur le débat, pas même le communiqué des « grandes traditions religieuses »

07 heures + Prier…je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Le mouvement de Jésus, l’ensemble de la Rédemption sont le contrepied de l’attitude du « premier homme » en couple… Eve. Une curiosité, une perversion mentale, la tentation, la destruction. Aucune réflexion ne semble habiter Adam et Eve, le vide. Voyez, je vous enseigne les décrets et les ordonnances que le Seigneur mon Dieu m’a données pour vous… vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples.  Dieu législateur, des commandements, des prescriptions, certes… mais fondamentalement le cours du monde ne tient pas à l’homme mais à son accomplissement par Dieu. Les commandements – je n’entre pas, en ce moment de prière, dans le débat intellectuel sur la loi naturelle, ce qu’elle est positivement et ce qui la fonde – les commandements sont, je le crois, la mise à portée de l’intelligence, de la conscience et du comportement humains de ce langage et de ce projet divins pour l’homme. Les commandements sont une voie de communication entre l’homme et Dieu, et évidemment Dieu en a l’initiative mais l’homme a nostalgie et envie de repères et de moyens. Florence ARTAUD et ses divers dires témoignent d’une vie manquée : tant de soif d’être et tant de dons pour la liberté ont fait une errance pas même une attente, sans doute une intense présence au présent mais… en ce sens, il est triste que soudain le chemin ait été coupé, il est possible qu’il aurait été exemplaire et réconciliant.

07 heures 29 + La journée commence, dialogue avec ma chère femme, grâce de pouvoir contempler notre fille encore endormie. – Je diffuse ce qui précède. J’ai confiance : ora et labora.  Nature de l’homme, grâce divine, marche humaine, Rédemption, mors et vita. Nous sommes ensemble, toute l’humanité, tout le vivant, toute la création. Procession de la vie, vérité du moment et de la situation de prière.

milieu de journée

Nouvelle video d’exécution : décapitation d’un Arabe israëlien, commentée par le demi-frère de Mohamed Merah. Hier la nouvelle d’un djihadiste d’origine française, tué à juste treize ans. Pour vraiment essayer de comprendre : qui combattent-ils ? pourquoi ? ou bien est-ce remplir une existence, le sens, le goût du martyre ou du suicide ? beauté de la cruauté et du néant ? ou faire mieux que la télé-réalité, la « scène internationale » ? En tout cas, pour réfléchir, penser, documenter, il faut sans doute y aller mentalement nu et en acceptant de perdre toutes les dimensions et tous les repères habituels… Pierre J., agrégatif d’histoire-géographie, les compare, bien à tort, aux nazis. Il y avait pour l’Allemagne hitlérienne deux atténuations ou pertes totales de responsabilité individuelle : la patrie, le chef. Dans ce que je comprends, tout brut, du djihad, il y a au contraire quelque chose de très individuel, de pas collectif. Il y a à se distinguer d’une masse, d’une époque, d’une culture et d’une civilisation. On rompt, le nazi fusionnait. Me semble-t-il. Evidence, il faut au moins retirer à ces candidats à l’exaltation suprême et acharnée toute substance territoriale les attirant, les fixant et leur donnant des moyens de vivre et de se situer physiquement : la grande aire irako-syrienne et maintenant les confins du Niger tenus par Boko-Haram. Manifestement, l’Occident n’a pas encore pris cette résolution d’un combat tout conventionnel, à terre, corps-à-corps. La Russie et la Chine ne s’en croient nullement menacées, en quoi elles ont tort, un pays bouclé et sous dictature est à terme – je crois – plus vulnérable qu’une démocratie, c’est celle-ci qui peut aller au sursaut et à l’unisson.

Hasard : salle d’attente des parents au club de judo. adjacent au cours de danse pour notre fille. La couturière amateur, lauréate de concours l’an dernier en télé-réalité, mais professionnelle surtout de « sellerie » de bateau, en clair, les accessoires de toile, et autres pour bateaux à voile, les compétitions, la famille des navigateurs. Son mari a fait les 400 coups avec Florence Artaud dans les années 90, très affecté, longtemps préparateur des bateaux et maintenant la corderie et les gréements. Portrait donc de la plus emblématique des trois victimes de la Rioja argentine : elle ne faisait rien à moitié, monomaniaque, l’alcool et l’abstinence aussi résolument. Revue il y a deux ans, le visage ravagé par la navigation sans protection. Mais notre informatrice n’a rien à dire sur l’affectif, elle venait de se remarier.

Autre portrait, pour Europe 1 : Manuel Valls la star du moment, passe-temps : la boxe, s’emporte facilement, l’Assemblée nationale. Mais rien sur ses convictions ou des convictions.


[1] - Deutéronome IV 1 à 9 ; psaume CXLVII ; évangile selon saint Matthieu V 17 à 19

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