mardi 28 avril 2015

chrétiens au Porche-Orient : ni une ethnie, ni une diaspora ou une errance, mais deux mille ans de présence et de vie


Le parcours historique de la présence chrétienne bimillénaire au Moyen -Orient :

1ère partie

 

publié le 30 avril 2015 par Père Jean-Luc Fabre  in « le jardinier de Dieu »

L’essence de la culture chrétienne consiste en la promotion de la paix, basée sur quatre piliers : la vérité, la justice, l’amour et la liberté.

Conférence à l’UNESCO du Patriarche Card. Béchara Boutros RAI Paris, le 25 avril 2015

Introduction
1. Je voudrais tout d’abord saluer et remercier Mme Irina Bokova, Directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture et le Conseil Exécutif, ainsi que Dr Khalil Karam, Ambassadeur, Délégué permanent du Liban auprès de l’UNESCO, de m’avoir invité à donner cette conférence à l’occasion du 70ème anniversaire de cette Organisation, autour du thème : "La présence chrétienne au Moyen - Orient et son rôle dans la promotion de la culture de la paix".

I. Parcours historique de la présence bimillénaire des chrétiens au Moyen–Orient première partie
2. C’est dans la région du Proche-Orient que Dieu a envoyé son Fils, il y a deux mille ans, afin d’accomplir le plan de salut de tout le genre humain, et où, pour la première fois, les disciples du Christ reçurent le nom de "Chrétiens" (cf. Ac 11, 19-26). Aussi, le christianisme devint rapidement un élément essentiel de la culture de la région grâce à ses grandes écoles d’Alexandrie et d’Antioche. L’essence de la culture chrétienne était et reste toujours la promotion de la paix, basée sur quatre piliers : la vérité, la justice, l’amour et la liberté (Pacem in Terris, 88).

3. La paix constantinienne avec l’Edit de Milan (315), qui a clôturé trois siècles de persécution chrétienne, a fait apparaître une Eglise complètement acculturée, se faisant araméenne avec les araméens, copte avec les coptes, grecque ou latine avec les ethnies dominantes de l’Empire romain. Elle apparaît organisée en patriarcats : Rome, Alexandrie, Constantinople, Antioche et Jérusalem. Chaque Eglise patriarcale avait son organisation en diocèses, se gouvernait par ses propres lois et tenait la communion avec les autres Eglises et celle de Rome.

4. En franchissant les frontières de Jérusalem et du peuple juif, l’Eglise a fait son premier champ d’expansion en milieu païen de la région syrienne de l’Empire Romain, où elle s’est mise au contact des cultures grecque et araméenne - syriaque. À Antioche, capitale de la province romaine d’Orient et foyer vivant d’hellénisme, s’est constituée la première communauté significative de chrétiens d’origine païenne autour de l’année 37. Alexandrie aussi était devenue, à la fin du Ier siècle le haut lieu de l’hellénisme chrétien. Ces deux villes culturelles, jusqu’au VIème siècle, rivalisaient avec Rome et Byzance. Au IIIème siècle le christianisme a gagné l’essentiel de l’Egypte, de la Palestine, de la Syrie, de la côte phénicienne (aujourd’hui littoral libanais) et de l’Asie Mineure ; il s’est étendu loin vers l’Est, au cœur de la Mésopotamie.

5. Les chrétiens du Moyen-Orient ne sont pas donc des individus épars, ni des groupes de minorités ethniques ou religieuses. Ils sont plutôt les membres de l’Eglise Universelle, appartenant à des Eglises qui ont chacune son rite propre, c’est-à-dire son patrimoine liturgique, théologique, spirituel et disciplinaire, représentant sa propre manière de vivre la foi selon sa culture, histoire et situation géopolitique.
La situation des chrétiens au Moyen-Orient est plus que problématique, aussi il nous a paru avisé de vous proposer de lire la conférence du Cardinal Béchara Boutros Rai, le patriarche maronite. Voilà une manière modeste mais réelle de s’unir à eux, de les comprendre, de nous comprendre, de mesurer aussi la dérive que produisent les media en usant souvent de termes inappropriés.

Dans un discours posé, le Patriarche redit quelques points essentiels aussi bien de l’histoire de la présence chrétienne au Moyen-Orient que du style de leur présence ainsi que des conditions pour que cette riche et belle histoire puisse se poursuivre. A travers cela nous pouvons y lire le mystère de l’Eglise et son incroyable capacité à s’insérer dans les peuples qui la reçoivent et bénéficient souvent par là d’une extraordinaire revitalisation…

Nous sentons, en lisant la conférence du Patriarche Rai,  combien cette présence est une richesse pour ces pays mais aussi pour nous. Par eux, nous nous éprouvons « latins » et nous nous ouvrons à une manière renouvelée d’être chrétiens, catholiques.

En lisant la première partie, nous relisons en fait notre propre histoire… mesurons ce que la barbarie actuelle risque d’anéantir. Les propos du patriarche prennent des appuis dans d’autres considérations que nos média. Ainsi, il n’y a pas de « groupes de minorités ethniques » [modèle aberrant ainsi posé] mais une Eglise universelle qui a rencontré et respecté tous les peuples… et ainsi permis une extraordinaire floraison culturelle dans l’amour, la vérité, la justice, la paix chez ceux-ci…

Père Jean-Luc Fabre 

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