dimanche 5 juillet 2015

message à l'Elysée

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

le referendum grec et la montée en puissance de Podemos ne sont que des "marqueurs". Que les Français n'en soient plus capables n'est pas un succès pour le pouvoir actuel, encore moins pour le Président, gouverner c'est entrainer.

A défaut de révolte des Français, il y a les faits.

L'absence de politique économique et et sociale, la vente de notre patrimoine industriel sont les réalités françaises jalonnant l'actuel quinquennat depuis Aulnay, Florange et maintenant notre servilité envers de pseudo-investisseurs de Chine et du Proche-Orient. Il n'y a pas de démocratie au plan national : l'Assemblée nationale vissée, frondeurs compris, dans une discipline qui fait ressentir au pays qu'il n'est plus représenté, le congrès de Poitiers contraire à toute filiation de gauche après un siècle et demi ou presque de fidélités et de débats. Les soi-disant réformes ne suscitent pas les entreprises et ne sont que des catalogues à la manière des décrets-lois des années 30. Enfin, l'entreprise européenne est un échec pratique : toujours pas de défense, toujours pas de diplomatie (notre impuissance dans la crise et le dépeçage de l'Ukraine, notre solitude en Afrique sahélienne) et un pacte budgétaire symbolisant une dogmatique allemande de convenance qui a été malheureusement acceptée le soir-même de la prise de fonction présidentielle.

Tels qu'ils sont actuellement, ni le Président ni son prédécesseur ne sont souhaités par les Français, pas même comme simples candidats... selon des  primaires qui seront à l'évidence de façade si même elles ont formellement lieu. Nicolas Sarkozy pourra s'évertuer à démontrer qu'il a changé, ce n'est que reprise d'un leit-motiv annuel quand il était en place. En revanche, le Président étant encore en place peut changer, inventer et proposer, exiger en Europe, se montrer enfin à l'Allemagne, comprendre encore plus notre époque que le simple mécontentement des Français, que la simple sensation de trahison des électeurs de gauche. Il peut retrouver l'identité et la filiation qu'on lui croyait en Mai 2012.

La démocratie dans les institutions européennes, l'évidence en gestion des dettes souveraines. Moratoire de celles-ci, convenues entre les grands débiteurs et Etats - en pratique Etats-Unis et Etats-membres de l'Union européenne. Une concertation entre Etats-membres des politiques de soutien aux grandes entreprises et de l'accueil ou pas des investisseurs extra-européens, une préférence européenne pour les mariages, fusions et absorptions dans l'industrie, certainement un tout autre cours dans les négociations transatlantiques.

Le Président n'a cessé de décevoir depuis l'automne de 2012 chaque fois qu'un choix national et européen était à faire en industrie. Y a-t-il un substitut au "marché commun agricole" puisque celui-ci n'est plus ? Attendu en priorité par les Grecs, croyant à une certaine fraternité de convictions et d'idées, le Président n'a pas soutenu ni compris la première proposition de referendum en Grèce, celle de Georges Papandreou junior en 2012. Attitude demeurée la même depuis Janvier 2015 et le nouveau cours, si résolu, à Athènes.

Le virage dans les quarante-huit heures est exactement le délai dans lequel, à la veille d'une impossible acceptation des impératifs américains qu'apportait Acheson à Paris, intervint la proposition  de Robert Schuman le 9 Mai 1950.

Ce n'est pas même un choix : continuer dans la voie de ces années-ci, de ces mois-ci, de ces jours-ci, c'est être balayé aux prochaines élections et bien entendu c'est continuer d'échouer dans toutes les gestions du budget, des retraites et de l'emploi. Le pacte de croissance de 2012 et trois fois plus de milliards selon le "plan Juncker" n'ont strictement rien édifié qui change la donne économique européenne et fasse se réconcilier les peuples avec ce qui devrait être l'Union européenne.

Moratoire secrètement combiné des dettes souveraines, planification économique et sociale à la française chez nous, pratique référendaire chez nous et dans l'Union, l'élection directe du président de celle-ci, voici des années que je l'écris au Président, le communique à son entourage, vous le courielle comme à votre prédécesseur.

Autant que le fixisme des politiques décrétées depuis trois ans, l'absence-même d'accusés de réception à ces messages toujours confiants et de bonne volonté, me convainquent que pour rendre de la souplesse et de l'ouverture aux intelligences régnantes, il faut trouver autre chose en relation entre le pouvoir et les Français. Les soi-disant alternance par élections, les congrès, le Parlement ne produisent plus d'élan ni de prise de conscience.

Avant de cautionner l'Allemagne qui ne peut se permettre d'être seule, voyez les Grecs, consultez les peuples, pas en passant mais en profondeur. Proposez une transition démocratique - comme dans les pays quittant leurs dictatures (nous avions à la fin des années 1970 tendu la main européenne au Portugal, à l'Espagne, à la Grèce pour leur éviter le FMi et ses "ajustements structurels" pas encore nommés ainsi, et les ancrer dans la démocratie nouvelle) - faisons le moratoire qui amènera la spéculation a quia.

Nous avons à retrouver la santé économique et à reconstituer nos patrimoines, à ramener à nous les jeunesses, et nous avons à nous montrer - debout, les démocraties - face aux dictatures actuelles : la Russie et la Chine.

C'est une conversion à l'indépendance de notre regard sur le monde dans son moment actuel, et sur nous-mêmes en pleine dégénérescence. Il est encore temps. La France a peu de temps, le Président encore moins.

Pensées.

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