dimanche 2 août 2015

Inquiétude & Certitudes - dimanche 2 août 2015



Dimanche 2 Août 2015

Le cœur à éclater. La déprime, ce que je ressens des autres selon ce qu’il me confie, ou selon leur élan vers nous, vers moi. Mes dramatiques insuffisances et lacunes, la splendeur de notre amour en famille avec toute la rape, les mouvements intimes ou criés d’une vie vraiment ensemble. L’insupportable chronique politique d’un pays dont il est abusé, chaque jour davantage depuis une quinzaine jusqu’à l’insupportable socialement, moralement, esthétiquement. La leçon de la foi : elle est donnée, ce qui est sans doute pas seulement « en ressenti » la manifestation la plus forte parce qu’elle est vécue, de l’existence et de la compassion de Dieu. La leçon que Celui-ci, en son Fils incarné et cloué en croix, nous prodigue et répète : tu ne porteras pas le monde à toi seul, et si tu en souffres parfois tellement, et de la souffrance des autres, et de ton insuffisance personnelle qui est radicale, sache, prie et comprends que Dieu-même en souffre plus encore que toi, mais qu’Il peut – Lui – y remédier.
Prier après ces huit jours d’immersion et d’empathie vertigineuse et douce… prier pour mes aimées, pour chacune de nos rencontres et pour aujourd’hui et maintenant. Le pain de vie. Le Pain de Vie [1]. Que signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Travail, fécondité, nourriture sont tout autres que selon les acceptions reçues et nos vies quotidiennes ; Dialogue d’une grande sincérité de part et d’autre entre le Fils de l’homme et ses contemporains. Que devons-nous faire pour travailler aux oeuvres de Dieu ? Réponse dféconcertante qui va être suivie d’autres affirmations encore plus « incroyables » : l’œuvre de Dieu, c’esy que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. Notre foi, notre accueil sont l’œuvre de Dieu, sont le « travail » qu’Il nous demande. Œuvre de Dieu en nous, œuvre que nous portons et consacrons à Dieu. Alors, révélation qui n’est pas directement celle de l’identité de Dieu, ni le sens du monde, ni l’explication de notre humanité. C’est au plus concret, le moyen de vvre, de survivre à notre médiocrité et à notre mortalité : c’est mon Père qui vous donne donne le vrai pain venu du ciel. Car le âin de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde… Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Commentaire pastoral de Paul : il s’agit de vous défaire de votre cinduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entrainent dans l’erreur. Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée… Anticipation, mais aussi lecture de l’Histoire et de nos histoires, la Providence… en l’espèce pour le  peuple en exode : la manne et les cailles. Au coucher du soleil, vous mangerez de la viance et, le lendemain matin, vous aurez du pain à satiété. Alors vous saurez que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu. Dans les deux Testaments, toujours le signe, la bienveillance, Dieu-même sont annoncés, s’annoncent. Aujourd’hui, dans la prière se donne ce signe et se comprend cette bienveillance.
Retour chez nous pour – moralement, mentalement, amoureusement, spirituellement, concrètement – rebondir, repartir. Commencer. Vraiment et humblement. Dans la foi et par la foi, l’espérance et le don de nous-mêmes, de moi-même. Mes aimées y sont bien plus habiles que moi.

matin

La route d’Alsace en Bretagne hier : les rouleaux de foin et les chaumes, mêmes techniques, mais la qualité, le brillant et l’épaisseur des fourrages montrent bien, depuis l’autoroute, que c’est à l’est que les terres sont les meilleures. Le moutonnement, les côtes des Vosges et de l’Ardenne jusqu’à Nogent-sur-Marne, une façon de défense par le relief pour tout l’est de notre capitale, tandis qu’aux trois autres points cardinaux, c’est la Beauce ou la plaine rase sous d’autres appellations. Paris est donc bien plus qu’au centre du pays, il est situé au point d’équilibre stratégique non seulement de la France mais de l’ouest européen.
Maintenant, la route de Vannes et du bord de la mer aux landes de Lanvaux, de nouveau le moutonnement, des boisements, de véritables vagues successives de forêts. Ce n’est plus une évaluation militaire, ce n’est pas davantage l’histoire entière de la France qui défile des débuts de la guerre de Cent Ans à Verdun et à la Voie sacrée, c’est sans doute une des contrées les plus mystérieuses du pays.
Deux conférences d’un Jacques Minois sur la légende noire de l’Eglise : les croisades en légitime défense et après plusieurs siècles d’atrocités musulmanes, la conquête espagnole de l’Amérique comme modèle de législation sociale protégeant les natifs par ordre de Charles-Quint, les atrocités de la Révolution. Une sorte de passion d’un enseignant récemment retraité pour établir les mal-façons et les mensonges d’une histoire officielle truquée et complaisante envers les adversaires de l’Eglise. Sans doute une passion sincère, mais ce qui me frappe n’est pas la maladresse, les approximations, les évidentes sollicitations d’un quasi-autodidacte, mais le mutisme du public devant des erreurs grossières ou le défaut de sources directes. L’inculture historique que je découvrais en soutien scolaire cette année n’est pas affaire de génération ni de programme scolaire seulement, c’est réellement l’acculturation française, une béance. Le civisme, le patriotisme, la tolérance, la laïcité n’ont donc plus de fondements intellectuels. La mémoire ne joue plus, seulement l’immédiat. C’est donc une disponibilité générale aux rumeurs, aux peurs, aux propagandes. Nous avançons…

soir

La situation dans le seul champ israëlo-palestinien est probablement aussi tendue qu’à la veille de chacune des conflagrations. Mais après vingt-cinq ans de conflit conventionnel entre Etats (1948-1973), l’occupation illégale des territoires conquis en 1967 a généré un tout autre conflit, il est entre deux populations, entre l’Etat policier de l’une et l’impuissance physique de l’autre, malgré des formes de résistance diverses, émeutes, intifadia, tirs d’artillerie et de divers engins téléguidés depuis Gaza. Cette seconde phase va probablement céder la place à une troisième, celle que provoque les extrêmistes religieux israëliens. Ni les Etats voisins – tous arabo-musulmans – ni la diaspora juive, principalement aux Etats-Unis et en France, ne bronchent. Un bébé brûlé, Palestinien. Une jeune fille tuée dans la gay-pride. Un Ofer Bronstein, président du Forum international pour la paix au Proche-Orient – représentativité de cette organisation ? – récite ce qui est devenu un leurre depuis l’assassinat d’Itszahak Rabin, il y aura bientôt vingt ans… les deux Etats, l’existant surarmé et qui va l’être encore plus en réponse à l’accord international sur le nucléaire iranien, et un hypothétique tronçonné, enclavé et désarmé. Tant que l’on reste dans ce type de « solution » et que les négociations sont encore en deçà : les prisonniers, les droits de passage, exactement les chantages que nous avons connus à la ligne de démarcation de 1940 à 1944, on n’avance pas, on recule. La suite est forcément de plus en plus cruelle, et surtout imprévisible. A juste titre, cependant, Bronstein observe que la colonisation en territoire occupé est un empêchement dirimant. Et évalue les « extrêmistes » religieux israëliens à quelques 30 ou 40.000…, ce qu’il considère comme énorme. Selon lui, le débat gagnerait la « société civile » en Israël : le religieux ou le politique ?
Iran, le voyage pour les « fabuleux contrats » ou le « grand retour » de la France n’est pas suivi, et encore moins commenté, par nos médias. Un flop. Probablement. John Kerry assure de son côté que la sécurité est renforcée au Proche-Orient par cet accord sur le nucléaire. Il faut cependant retenir que l’embargo ne sera levé qu’au 1er Janvier 2016.
Rien sur la Crimée, l’Ukraine, rien sur la Grèce et le début de négociations avec la troïka pour la mise en pratique des accords d’il y a quinze jours.

fin de soirée

Un Chabrol, rien ne va plus. A côté d’une prestation d’Arielle Dombasle avec le même Michel Serraut, vingt ans plus tard : Albert est méchant, celle d’Isabelle Huppert est constamment juste et le duo est passionnant, même si le film a déjà été vu. C’est Balmer que je découvre dans ce rôle et que je ne connaissais que de son interprétation de Georges Pompidou. Qu’il ait été choisi pour celle-ci donne à penser sur ce que l’on supposait de la psychologie du successeur du général de Gaulle : l’intelligence mais aussi le cynisme.



[1] - Exode XVI 2 à 15 passim ; psaume LXXVIII ; Paul aux Ephésiens IV 17 à 24 ; évangile selon saint Jean VI 24 à 35

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