samedi 29 août 2015

Inquiétude & Certitudes - samedi 29 août 2015


Samedi 29 Août 2015

Sur l’instance de Marguerite à la bande-annonce, après que nous ayons vu Le petit prince… nous voyons, hier soir, La femme au tableau. Pour notre fille, c’est son premier film d’adulte, même si – remarque-t-elle – ce n’est pas interdit au moins de dix ans (mes propres souvenirs de cinéma avec mes parents, ou de théâtre, seul avec eux, alors que je suis le second de neuf). Elle se partage en tendresse entre chacun de nous. Pour moi, c’est une série de « leçons de choses » intimes : Vienne, et notamment le Belvédère supérieur, les jardins descendant vers l’inférieur, l’immeuble où j’ai vécu pendant quatre ans, l’ambiance des palais, la splendeur des meubles mais aussi les débats, eux aussi intimes, de ce pays que j’ai tant apprécié, aimé, admiré et où j’ai aimé et été aimé. Arrivé pour prendre mes fonctions à notre ambassade, juste pour al fête nationale, et aussi la sortie de la pièce discutée de Thomas BERNHARD sur l’attitude des Autrichiens lors de l’anschluss, en même temps qu’était inaugurée la magnifique et très parlante stèle. Le film donne aussi une vue d’un monument que je n’ai pas connu en 1988-1992-, dédié à la mémoire de l'holocauste, grand bloc fermé de marbre : je n'ai pas distingué des noms ou des inscriptions, nudité et massivité. Interprétation remarquable, histoire vraie, scènes avec les autorités locales tout à fait justes, suspense constant. Pour notre fille, initiation sur la persécution des Juifs par les hitlériens, pourquoi ? comment ? dialogue final entre générations sur l’intégration des Juifs, notamment en Autriche, pas du tout des fortunés et des riches à leur arrivée. Pour ma chère femme, dialectophone en alsacien et en rhénan, ayant aussi une ascendance paternelle pouvant lui donner une sensibilité spéciale à l’antisémitisme, ce qui n’est cependant pas le cas, c’est davantage un bain d’ambiance. Pour moi, c’est aussi le souvenir de ces deux jours de 1996 à la Sorbonne pour le 6ème congrès international de l’humanisme laïc juif, ma prise de parole pour l’Abbé Pierre introduite par la mention de mon aïeule et par le rappel des évidentes arrière-pensées de tant de gens encore comme si la shoah n’avait pas « suffi », et le compliment que m’en fit dix ans plus tard Robert BADINTER. – J’ai vécu aussi cette projection comme la légitimation s’il en est jamais besoin du souvenir, du fait de se souvenir, de notre dépendance au souvenir. De la transmission aussi. Deux sujets m’habitant de longue date. Il faut permettre aux souvenirs de continuer à vivre, dit Mme ALTMAN arias l’admirable Helen MIRREN (d’origine russe…). Admirable aussi la ressemblance de l’actrice avec l’Adèle du fameux tableau de KLIMT.
Moment passionné auparavant : le cultivateur chez qui Edith achète la plupart de nos légumes ainsi que les fruits de saison depuis plusieurs années déjà. Beauté des productions, couleurs et formes, mais l’homme, dont je ne sais toujours pas le nom – ses deux vaches en revanche destinées à former troupeau d’une vingtaine de bêtes à viande, me sont connues de prénom : Gérolette et Justice – est aussi intéressant. Vannetais de la ville, établi non loin de chez nous, il respire la santé mentale et économique. S’établir aussi pour la viande alors que … la crise… les quotas… les prix. Il balaie cela aussitôt. Ceux qui manifestent et sont syndiqués ne produisent pas ce que – lui – produit. Ils sont « blindés », ils sont en fait payés par l’Etat et fonctionnarisés. Ceux qui travaillent n’ont pas le temps de ces mouvements et discussions. Il se sent tout à fait à l’aise dans sa situation actuelle et ses projets, prend des saisonniers notamment pour la vente en été. Il réalise ses projets. Rien que d’arriver au seuil d’un des champs de culture légumières et fruitiers au sol, haricots verts, fraises, on respire un air particulier. Une merveille. Sort du champ, une vieille dame, manifestement de la ville, le dos cassé, qui bougonne : les fraises, toutes pourries à la cueillette, naturellement la main d’œuvre coûte cher. Mon homme à qui j’ai dit mon admiration, la connaît : elle est d’humeur variable. Déjà, dimanche après-midi, les juments et leurs petits respectifs, la beauté et la santé de ces animaux, le rapport de l‘homme avec eux, mais ici le rapport aussi de l’homme avec la consommation autant qu’avec le production : la beauté de ce à quoi arrive la culture, au premier sens du terme (premier sens qui renouvelle l’acception abstraite).
Dernier livre paru de Jean d’ORMESSON, une « vue cavalière » et une mémoire commentée de notre histoire politique « sur » cinquante ans ou plus. Essai que peut se permettre un écrivain particulièrement notoire, et que refuserait tout éditeur d’un quidam dans mon genre : trop littéraire pour une publicaiton universitaire, trop spécialisée pour les vendeurs de romans. Je vais le lire car il est probable que c’est l’un des derniers ouvrages de la sorte puisque tout est gestion, utilité et que le débat politique est maintenant un bouquet d’obsessions : migrants, terrorisme, Front national, monnaie unique. Ce n’est plus une histoire-aventure avec des personnes, des sujets et des rois mais une série d’équations, toutes insolubles mais ressassées et commentées. A l’histoire structurée a succédé une actualité volubile sans issue ni structure, pas même celle de la chronologie. Jacques JULLIARD… cautionne l’essai : Jean d’ORMESSON, c’est la France ! (dans le texte)
Prier… action de grâces pour la cohérence que je ressens si fortement, de ma vie, action de demande pour recevoir force et énergie, temps et organisation si je dois faire et produire ce que je crois de mon devoir… action de grâce pour notre bonheur familial, action de demande pour ces nouvelles amitiés qui ne sont plus dilection directement mais partage de vies difficiles et dont il peut m’être donné d’en soulager un peu le poids chez ceux qui nous donnent, à ma chère femme et à moi, leur confiance. La vie de couple est décisive. La relation parents/enfants qui est de responsabilité de chacun dans ces formes au moins trinitaires soutient la vie de couple. Prier… toi, mon soutien dès avant ma naissance, tu m’as choisi dès le ventre de ma mère [1]. L’exécution de Jean le Baptiste. Luc est le plus bref des synoptiques, ne mentionnant que le l‘exécution mais pas l’ambiance du banquet, la danse de la fille d’Hérodiade et les serments dangereux d’Hérode. Marc le plus circonstancié. Les raisons d’arrêter Jean ne sont pas rapportées, car elles ne peuvent être le reproche au roi d’avoir épousé sa belle-sœur, qui ne devait être articulé qu’en tête-à-tête. La conversation embarrassante et agréable à la fois : un directeur spirituel ? avant la lettre. Quand il l’avait entendu, il était très embarrassé, et pourtant il aimait l’entendre. Jean, personnage important tant historiquement (les sectes qui se réclament encore de lui) que relativement à Jésus : celui-ci le souligne d’ailleurs. La mission prophétique si dangereuse : Moïse, Jérémie, Jean. Malgré les engagements du Seigneur : je suis avec toi pour te délivrer, le Baptiste est mis à mort. – Trouver dans la prière d’ici cette nuit le sens de ces missions et prédilections, s’achevant pourtant tragiquement.

La Rochelle, classe de mime et méthode Coué. Rassembler… rassemblement… déjà le mot d’ordre et le nom choisi pour le R.P.R. contre V.G.E. en Décembre 1974, plus on divise plus, on… Valls mis en valeur, à la barre de l’Hermione por montrer qu’il garde le cap, puis filmé et interrogé tandis qu’il marche… constance et détermination. Commentaire : il le martèle. Rassemblement autour des valeurs, etc… rien n’est défini et François Hollande est absent, hors champ. Le Premier ministre a le visage ravagé de fatigue et le bronzage inadéquat. Venir pour cloturer, sans avoir écouté. Calicot : agir en commun. Les « frondeurs » assurent qu’ils ne sont nullement diviseurs, tout simplement la politique suivie n’a pas de résultats pour les Français et elle est contraire au programme de 2012. – Marie Le Pen se pose en championne résolue : interdire l’immigration tant légale que clandestine, mais elle lit son texte, elle n’accroche pas. Arlette Laguillier se répétait plus encore, mais ce qu’elle disait était juste et ressenti. En contre-point, Douste-Blazy plaide pour la générosité : qui sait ou se souvient qu’il est secrétaire général adjoint des Nations Unies ?

Un ouragan Erika dévaste notre île Saint-Dominique. La Floride sera atteinte dans la journée de lundi, les Bahamas avant.


[1] - Jérémie I 17 à 19 ; psaume LXXI ; évangile selon saint Marc VI 17 à 29 (synoptiques : Luc IX 7 à 9 & Matthieu XIV 3 à 12)

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