lundi 16 novembre 2015

le discours du président de la République devant le Congrès du Parlement, réuni à Versailles

Permettez-moi, cher ami, Monsieur le Secrétaire général, d'opiner sur le discours du chef de l'Etat. J'ai pu l'entendre en direct à la radio à partir de 16 heures 14, sortant juste d'un cours en université à Nantes. J'avais d'ailleurs testé sur "mes" étudiants l'analyse et les mesures que mon dernier courriel évoquait pour vous et donc pour le Président.

Un discours de guerre doit être court et il doit caractériser le conflit et ses enjeux. La France a eu l'honneur d'en donner le genre. Et le 22 Avril 1961 les quelques minutes qui eurent raison du putsch étaient bien du même "tonneau" grand crû que le 18 Juin 1940. Des formules certes ont été heureuses, mais le texte a mélangé des mesures qu'un communiqué de l'Elysée, ou concluant un nouveau conseil des ministres dans la journée d'hier, aurait suffi à exposer. Un projet de révision constitutionnelle se justifie par l'exposé de ses motifs, il pouvait se déposer demain sur le bureau de l'Assemblée, le Conseil d'Etat ayant eu la journée d'aujourd'hui pour l'examiner.

A qui s'adressait le Président ? Aux parlementaires ? - j'ai combattu (comme le groupe socialiste) la révision constitutionnelle de 2008, arguant notamment qu'on allait vers une énième dérive de notre régime : le Président dans l'enceinte des élus et son intervention suivie d'un débat, ce que depuis Thiers la logique d'une séparation des fonctions présidentielle et gouvernementale imposait, et le Président déclarant assumer personnellement des choix budgétaires (au demeurant louables). A nos partenaires étrangers ? notamment en invoquant les devoirs de solidarité imposés aussi bien par le traité de Lisbonne (2007)que par celui de Washington (1949), mais alors de quel poids aurions-nous pesé, et quelle emprise en logique et en émotion aurait exercée le Président sur ses pairs si - au lieu d'une séance versaillaise tout à fait facultative - il était allé à Antalya et sur place avait imposé au grand aréopage cette coalition concrète à souder immédiatement pour marcher avec tous moyens sur l'Etat islamique. Tous ils étaient là, les attentats du 13 nous donnaient la présidence morale, l'initiative de l'union et la responsabilité du suivi. Coincidence, là-bas, Obama discourait en même que nous écoutions Versailles par nos médias.

Une diplomatie efficace ne dit pas à l'avance urbi et orbi ses objectifs, encore moins ses demandes, notamment de nouvelles tolérances en matière budgétaire à Bruxelles.

Je constate que la pétition du rassemblement et de l'unité n'est qu'une incantation. Le Premier ministre, les ministres de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice ont été confirmés es qualités et ont reçu leur tâche. Pas d'allusion aux consultations d'hier et aux suggestions alors reçues. Où est la rupture montrant au pays que les politiques ont compris le danger qui est bien moins le terrorisme que le détachement citoyen de notre vie collective si elle reste encadrée et parlée comme elle l'est depuis des années, et de plus en plus. " La vie politique doit reprendre ses droits ", la formule m'attriste : revenons à nos us et coûtumes.

Bien plus qu'une occasion qui se manque - plaise à Dieu qu'il ne s'en présente pas de nouvelles - c'est une analyse de la situation psychologique du pays et des Français qui me semble manquée.

Accessoirement, il est avéré que l'armement de l'Etat islamique s'est fait sur stocks américains en quelques semaines. Est-il inimaginable qu'un jour ? avant peu ? nos
Rafale voient voler contre eux d'autres Rafale "piqués" à nos acheteurs qui jouent tous double jeu. Ce dont Israël donne l'exemple paradoxal : ravitaillé par du pétrole venant des territoires de l'Etat islamique et acheté donc à prix cassé.

Stratégiquement, je regrette que le courage, la constance et l'identité nationale des Kurdes ne soient pas salués. Car la coincidence a été totale entre la défaite de Daech au Sindjar et les attaques dans Paris.

La ressource humaine ? bien davantage que les réservistes, le service universel garçons et filles institué par nous et demandé à l'ensemble de nos partenaire de l'Union avec amalgame des nationalités pour une partie de la durée de ce service.

Mais tant que le Président exerce les fonctions que son élection lui a conférées, le changement reste possible. Je ne cesse de le souhaiter et - avec déférence - d'en suggérer les termes.

Chaleureuses pensées.

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