mercredi 27 juillet 2016

les atrocités et la communication - adressé à l'Elysée



Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

plus le Président réagit, coup par coup, en communiquant aussitôt, puis en se rendant sur les lieux, plus il affiche son impuissance tant personnelle que celle de l'Etat.

Pour le Père Jacques Hamel, c'est à l'Eglise dont les liturgies quotidiennes commémorent souvent ces semaines-ci des martyres en Chine, en Indochine, au Mexique et au début de la guerre civile espagnole, notamment - je vous ai parfois adressé la méditation et la prière matinales que leurs textes m'inspirent - d'honorer et qualifier aussi tôt que possible la vie et la mort de ce magnifique prêtre : à l'évidence, notre martyre de la France contemporaine, celle de Charlie, du Bataclan, de Nice et de tout ce qui va continuer. Mais ce n'est pas certainement pas au Président - dont la parole engage forcément l'appréciation publique nationale - d'affirmer des approximations. Et - dans une République laïque, sans que la conscience soit claire de ce qu'est la République, une République, notre République, et sans que soit assez définie pour l'opinion générale la laïcité, alors qu'elle l'est en droit - il n'est pas bon d'aller d'une religion à l'autre, en y comprenant les phobies, les anti., les extrêmismes, pour proclamer ce qui atteint la République.

Trois certitudes.

1° factuellement, aucun des coups que nous recevons depuis Janvier 2015, n'est assimilable aux autres. Chaque cas est particulier, il n'y a pas de Daech partout, ni de main invisible, ni "remplacement" en cours, ni une opposition de guerre sainte à guerre sainte. Il n'y a aucun amalgame à faire ni à chercher entre ce qui ne saurait apparaître comme des communautés compartimentant les Français :  juives, musulmanes, chrétiennes, homosexuelles, féministes, franc-maçonnes, et les faits. Les communiqués des extrêmes montrent bien vers quelles aberrations on irait, y compris la sanctification des croisés anti-islamismes que seraient, soient-disant, Poutine et Bachar...


2° ce qui est atteint, chaque fois, c'est le coeur de la France, mère de ses enfants et devant laquelle chaque génération et particulièrement les élites et les dirigeants politiques, économiques, sociaux, religieux, culturels sont éminemment responsables

3° ce n'est pas seulement le Président, ni le gouvernement qui sont discrédités pour tant de gestions défaillantes, mais bien la pratique de nos institutions et notre vie publique, collective. Discrédit qui pour d'autres raisons - parmi lesquelles la corruption, le recel de fonctions et toujours l'avidité libidineuse pour l'argent - est installé aussi dans les esprits : celui de l'entreprise européenne.

Donc par pitié pour la fonction qui - surtout aujourd'hui - devrait être principalement arbitrale et autorité morale, et non gestion et publicité (l'une et l'autre fort médiocres), ne plus communiquer, et à plus forte raison ne pas tenter de se confectionner a postériori des dossiers en défense à propos de chaque drame.

Que faire alors ? et que dire ? Laisser travailler police, justice et tout réseau de bonne volonté pour savoir ce qu'il s'est passé coup par coup et pour veiller devant toute fragilité individuelle ou sociale. 

Réfléchir, réfléchir, réfléchir.

Le Président reçoit-il l'archevêque d'Alep actuellement en France ?

 
Pensées déférentes et chaleureuses. Espérance. L'altittude n'empêche pas la compassion ni l'empathie, au contraire.

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