jeudi 22 septembre 2016

un nouveau classement pointe la perte de vitesse des universités françaises - Le Monde.fr


LE MONDE | 21.09.2016 à 23h35 • Mis à jour le 22.09.2016 à 02h20 | Par Séverin Graveleau 

image: http://s2.lemde.fr/image/2016/09/21/534x0/5001561_6_a451_etudiants-de-l-ecole-polytechnique-deuxieme_d164d96878019b1079cce654ccb8172c.jpg

Etudiants de l’Ecole polytechnique, deuxième établissement français le mieux classé par Times Higher Education, mais rétrogradé cette année de la 101e à la 116e place.
Les palmarès se suivent et se ressemblent pour les universités françaises en cette rentrée 2016 : après le classement de Shanghaï et celui de Quacquarelli Symonds (QS), c’est au tour du Times Higher Education (THE) de noter à la baisse les établissements de l’Hexagone. Si la France conserve 27 établissements dans le top 980 du mensuel londonien, un tiers d’entre eux perdent des places (voir le classement des établissements français au bas de cet article).
Le trio de tête français est identique à celui des précédentes éditions, une dizaine de rangs plus bas. L’Ecole normale supérieure passe ainsi de la 54e à la 66e position, l’Ecole polytechnique de la 101e à la 116e et l’université Pierre-et-Marie-Curie de la 113e à la 121e. L’université Paris-Sud progresse, de la 188e à la 179e place, alors que l’université Paris-Diderot (Paris-VII) sort du top 200.
Le nombre stable d’établissements tricolores dans ce ranking cache, en fait, un important jeu de chaises musicales. Ainsi huit universités sortent du classement général quand huit autres y entrent. Parmi les nouveaux, Centrale Supélec (entre la 201e et la 250e place), les Mines ParisTech (251e-300e) ou encore l’université de Toulouse Midi-Pyrénées (301e-350e). A l’inverse les universités Paris-XIII, Paris-Dauphine, Lille-I et II ou encore Joseph-Fourier Grenoble-I n’y sont plus mentionnées.
Ces changements rapides s’expliquent en partie par la « restructuration à l’œuvre dans le système universitaire français » et par les fusions d’établissements, selon Phil Baty, rédacteur en chef de THE.

Recherche de qualité et renommée internationale

Phil Baty note que « les meilleurs établissements français sont particulièrement bons dans la production de travaux de recherche d’envergure et de chercheurs de renommée internationale », mais qu’ils marquent moins de points en termes d’environnement d’apprentissage et de recherche.
Il salue cependant « d’ambitieux plans de développement dans le secteur de l’éducation » en France, citant notamment l’université Paris-Saclay, créée en 2014, et qui regroupe « certaines institutions parmi les meilleures et plus prestigieuses de France » (Ecole polytechnique, ENS Cachan, université Paris-Sud, etc.). De quoi la hisser à l’avenir dans le Top 10 des universités européennes, voire mondiales ? S’il est « trop tôt » pour le dire, selon lui, Paris-Saclay a « un grand potentiel de succès ».

Déclin européen et ascension asiatique

Si cette nouvelle édition du classement THE, traditionnellement moins favorable à l’Hexagone qu’aux établissements anglo-saxons, ne rebat pas les cartes mondiales, elle marque quand même quelques inflexions. La première est symbolique, mais importante : pour la première fois depuis l’existence de ce ranking, les Etats-Unis, qui continuent de dominer le top 10, se font ravir la première place par le Royaume-Uni et l’université d’Oxford, qui était sur la deuxième marche du podium l’an dernier.
Etablissements
Pays
Classement
2016 - 2017
Classement
2015-2016
University of Oxford
Royaume-Uni
1
2
California Institute of Technology
Etats-Unis
2
3
Stanford University
Etats-Unis
3
4
University of Cambridge
Royaume-Uni
4
5
Massachusetts Institute of Technology
Etats-Unis
5
6
Harvard University
Etats-Unis
6
7
Princeton University
Etats-Unis
7
8
Imperial College London
Royaume-Uni
8
9
ETH Zurich – Swiss Federal Institute of Technology Zurich
Suisse
9
=10
University of California, Berkeley
Etats-Unis
=10
=10
University of Chicago
Etats-Unis
=10
10
Comme le classement QS début septembre, Phil Baty estime que les institutions européennes sont « de plus en plus menacées par l’ascension croissante de leurs homologues asiatiques ». Si le Royaume-Uni et la Suisse sont toujours dans le top 10, si l’Allemagne compte 41 établissements classés – contre 37 l’an dernier –, « les autres pays européens perdent des places », note-t-il. France, Italie, Espagne, Danemark, Finlande, etc. : en tout six établissements européens (sur 105 l’année dernière) sortent du top 200, alors que l’Asie enregistre quatre nouvelles entrées dans ce groupe, et deux dans le top 40. Dans ce contexte, « le succès de l’Europe dans le classement ne peut être garanti sur le long terme », estime Phil Baty.
Faut-il pour autant imputer le recul des établissements français à la progression de l’Asie ? Phil Baty ne le pense pas, mais souligne que « les grands investissements de cette dernière dans l’enseignement supérieur produisent aujourd’hui de grands progrès. Alors que la France est toujours aux prises avec ses différentes réformes de l’enseignement supérieur ».
Etablissements
Classement
2016 – 2017
Classement
2015 - 2016
École Normale Supérieure
66
54
École Polytechnique
116
101
Pierre and Marie Curie University
121
113
Paris-Sud University
179
188
CentraleSupélec
201-250
Non classé
École Normale Supérieure de Lyon
201-250
201–250
Paris Descartes University
201-250
201–250
Paris Diderot University – Paris 7
201-250
199
Mines ParisTech
251-300
Non classé
Aix-Marseille University
301-350
251–300
University of Bordeaux
301-350
251–300
Federal University of Toulouse Midi-Pyrénées
301-350
Non classé
University of Strasbourg
301-350
301–350
Claude Bernard University Lyon 1
351-400
401–500
École des Ponts ParisTech
351-400
Non classé
Montpellier University
351-400
301–350
Paris-Sorbonne University – Paris 4
351-400
251–300
École Normale Supérieure de Cachan
401-500
Non classé
University of Lille
401-500
Non classé
University of Nantes
401-500
401–500
University of Nice Sophia Antipolis
401-500
401–500
Panthéon-Sorbonne University – Paris 1
401-500
351–400
Université Bourgogne Franche-Comté (UBFC)
501-600
Non classé
National Institute of Applied Sciences of Lyon (INSA Lyon)
501-600
401–500
University of Rennes 1
501-600
501–600
École Centrale de Lyon
601-800
Non classé
University of Cergy-Pontoise
801
601–800

Méthodologie

Pour réaliser ses palmarès, le Times Higher Éducation prend en compte 13 critères. Parmi ceux-là on trouve la réputation académique et professionnelle des établissements, le volume et la réputation des publications et citations dans les revues scientifiques, le ratio enseignants/élèves, le poids des échanges internationaux ou encore l’environnement d’apprentissage.
  • Séverin Graveleau
    Journaliste au Monde
Vos réactions (21) Réagir
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.695/img/placeholder/avatar.svg
Candide 22/09/2016 - 11h10
Les productions et transmissions de savoir sont par nature inclassables. Il existe ici et là des joyaux dans les universités les plus "invisibles". Ces trésors d'intelligence échappent totalement aux définitions de critères imposés par des logiques essentiellement financières. Ces classements qui n'arrêtent pas de fleurir de par le monde procèdent en effet d'une telle logique. Classer les universités selon leurs budgets s'accorde avec le "top" mondial.
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.695/img/placeholder/avatar.svg
Quentin 22/09/2016 - 10h46
L'article aurait plutôt du faire une part plus belle à la méthodologie. Illustration : l'entrée dans le classement de l'université Toulouse Midi-Pyrénées (université fédérale Toulouse Midi-Pyrénées pour être précis) : tout est dans le véritable nom (camus n'a pas dit mieux), c'est juste un conglomérat administratif d'universités déjà existantes (véritablement créé en 2015). Les conditions de travail sont toujours les mêmes, mais on a gagné des places au classement...
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.695/img/placeholder/avatar.svg
JEAN-MICHEL LEVY 22/09/2016 - 10h25
L'établissement qui était numéro 1 en 2015-16 a disparu ? Ou il est tombé après la 10ème place ? Ce tableau est forcément faux. Quant aux universités et écoles françaises, elles font avec ce qu'elles peuvent. Quand les étudiants ne savent même pas écrire, il y a peu de chances pour qu'ils aient l'esprit assez clair pour faire de grandes choses. Le problème est en amont. Pour des raisons idéologiques stupides on a cassé l'éducation nationale. Personne ne semble vouloir revenir la dessus..
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.695/img/placeholder/avatar.svg
Hein? 22/09/2016 - 10h23
Analogie possible avec le sport? La France continuant à privilégier les clubs de sport "amateurs", quand le reste du sport mondialisé est depuis longtemps passé "professionnel"…
 
image: http://s1.lemde.fr/medias/web/1.2.695/img/placeholder/avatar.svg
Bob 22/09/2016 - 10h20
Ainsi, toutes les universités françaises reculent comme un seul homme? Ah? Le paragraphe "méthodologie" est quand même au centre de la question.

Aucun commentaire: