vendredi 28 octobre 2016

courriel à l'Elysée : l'initiative reste au Président ...




PJ  lecture BFF de l'adresse des évêques & papier pour Commentaire . pour un patriotisme européen

Editorial d’Ouest France aujourd’hui : au sommet de l’Etat, la situation se tend… la France vit un moment politique inédit. Pathétique, tant le pouvoir tire sa faiblesse non de la rue, de l’opposition ou d’un krach monétaire : il est faible à cause de lui-même, plus que du bilan en place. … L’inexorable et pathétique enlisement du pouvoir. Désaccords, faux pas et règlements de comptes hâtent la chute de la gauche au pouvoir. Tenir six mois dans un tel climat semble relever du miracle.

Cher ami, Monsieur le Secrétaire général,

les choses et les personnes ne peuvent rester disposées comme elles le sont. "Le" livre est un bon prétexte pour que se révèlent ceux qui dans le fond n'étaient plus avec le Président ou ne l'ont jamais été, parce qu'ils ont toujours eu une analyse de groupe n'admettant de chef que s'il est porteur. Je pense que s'ils avaient eu le souci ou du bien du pays ou d'une fidélité imaginative de gauche (ce qui pour moi se recouvre), ils auraient légitimement joué selon les institutions : la démission du Premier ministre qui ne s'est en rien imposé, ni thématiquement (des "gaffes" à la Macron), ni factuellement, et surtout la censure par le groupe parlementaire au nom d'une fidélité de gauche. Ils ne l'ont pas fait.

J'ai une certitude. L'important pour notre pays n'est pas l'élection présidentielle. Si celle-ci porte à réfléchir sur le fond, elle est utile. Sinon, elle ne sera qu'un changement de personne, et aucun des candidats ou candidates de tous bords ne peut être prévu dans l'exercice des fonctions présidentielles. Le pays étant ce qu'il est, décérébré, sans orientation, et l'élection se faisant par défaut, avec comme bouc émissaire et donc explication de tous nos maux et échecs : le Président sortant, il serait miraculeux que quelque chose fasse étincelle dans ce processus. Rien ne le présage pour le moment.
La capacité d'initiative est seule celle de la fonction présidentielle dans la passe actuelle, sauf s'il existait une majorité parlementaire appelant le chef de l'Etat devant la Haute Cour. Il est vrai que ce passage pour quitus ou pour interdit d'aller plus loin, devrait devenir de droit chez nous en fin de tout mandat : une responsabilité sans sanction que la non-réélection, n'en est pas une, elle est seulement la manière de revendiquer l'exclusivité de la décision.

Donc, le Président.

Il serait lamentable, plus encore pour le pays que pour lui, de laisser les prochains mois, jusqu'au scrutin, se vivre par le pays en simples joutes des candidats, le pouvoir politique et l'emprise de ce pouvoir sur les citoyens étant en jachère. Lamentable et immérité que le Président soit battu, écarté en primaire socialiste par des nullités avérées : je pense à Montebourg, à Hamon, je n'ai pas les autres noms actuels ou à venir, dans l'esprit.

L'alternative me paraît la suivante.

La logique du suicide, celle du livre ou plutôt de sa publication ou plus précisément encore d'avoir consacré tant de temps à d'autres vis-à-vis, que les ministres et les collaborateurs, tant de temps enlevé au travail, à la réflexion qui ne sont pas signatures ou réunions, mais pensée. De Gaulle, immobile, dans le silence et la pénombre du bureau à l'Elysée, que vous connaissez. Je vous retrouverai - pour vous, pour le Président, ce passage, mémoires d'un collaborateur que je pensais Pierre-Louis Blanc dont le livre est intéressant, mais l'âme un peu moins, et qui doit être l'un des aides-de-camp. La logique du suicide = démissionner maintenant. Cela prend au mot celles et ceux qui ne veulent plus du Président, cela bouscule tous les calculs et surtout les calendriers, l'élection présidentielle est sensiblement avancée, les processus de partis sont périmés ou accélérés. L'intérim d'ailleurs (Larché) cristallisera beaucoup et peut gêner Juppé ou les victorieux putatifs. Le Président fait preuve d'humilité. Il fait réfléchir sur les institutions, montre que ni le gouvernement ni le Parlement ne lui ont fait objectivement défaut, et que là est la faute : il n'y a pas eu de révolte, que des jugements et du cabotinage en sous-main. C'est inédit et simple.

L'autre branche de l'alternative est royale, vigoureuse. Evidemment, elle a ma préférence.

1° démission du Premier ministre et du gouvernement. Formation d'une équipe très resserrée : uniquement, les qui m'aime, me suive. Une dizaine de ministres, à Matignon un inconnu ou presque, passionné par le défi qui est de faire réfléchir le pays et de poser aux politiques les bonnes questions et au pays celle de la confiance en lui-même, quand un objectif immense mais précis lui est montré. Pas forcément des politiques, mais des vrais : pour ce qu'ils apportent en compétence et en tempérament. Et adonnés au Président non par calcul ou pour une place de quelques mois, mais par passion du bien public, par liberté d'esprit, par discernement.

2° contenu des prochains mois. Aucun souci de candidature ou d'élection. Le Président ne donne plus aucune date pour faire connaître sa décision : les délais constitutionnels, le mois précédant le scrutin à la de Gaulle, cela suffit. Bien entendu, il ne participe pas à la primaire socialiste qui serait un abaissement de la fonction et un abaissement de la personne. Mais en revanche, les vraies questions.
a) Et d'abord l'Europe. J'en ressasse les libellés depuis dix ans : l'élection du président de l'Union ou plutôt de la Communauté (retour à l'appellation d'origine et de fondation) au suffrage universel direct de tous les citoyens européens et réécriture du traité - dialogue entre les gouvernements et le Parlement européen, constituant dans sa formation actuelle ou renouvelée selon des décisions communes à, toutes les institutions, fût-ce hors le traité de Lisbonne. Compétence du Président d'appeler au referendum dans les matières prévues par le nouveau traité re-fondateur. Cette proposition s'assortit d'une résolution de parvenir enfin à une défense européenne : industrie, commandement, ressources humaaines. Comme toutes les pendules sont remises à l'heure, le Brexit est périmé : l'Europe ne peut se passer de la Grande-Bretagne et la Grande-Bretagne ne peut se passer de l'Europe. Enorme proposition, très globale (historique).
b) Politique économique et sociale : préparer le prochain quinquennat quel qu'en soit le titulaire par les travaux des institutions, commissions, usages de la planification dite souple à la française qui sera rétabli.
c) Prenant sur la proposition européenne et sur la planification des efforts et projets de tous pour les cinq prochaines années, le rétablissement et l'extension d'un service national, militaire et civique, universel, obligatoire, garçons et filles.

ces trois registres ouverts le sont par un Président qui ne pose plus et ne fait plus se poser la question de sa candidature et de sa réélection. Comme Johnson, publiant en Mars 1968 qu'il ne se représentera pas pour se consacrer à finir la guerre du Vietnam et établir la paix, le Président - qui cependant élude toute question sur une candidature - n'a plus qu'une pensée : trancher trois questions dont tout dépend, et que d'ailleurs aucun des candidats jusqu'à présent ne traite en profondeur et en grand. Pierre Mendès France n'a pas régné sept mois. François Hollande a la même durée devant lui mais avec deux avantages considérables : aucun souci de durer davantage ou de se perpétuer, la disposition toujours intacte constitutionnellement et légalement de toutes les prérogatives présidentielles.

un tel changement de pied médusera le premier jour, renversera tous les échiquiers et les calculs. Il peut subjuguer le pays et l'enlever en quelques semaines, si le rythme est soutenu, si la communication est d'abord l'éloquence du silence et du travail. Rien que de l'intense, mais sobre et déclaré. Avec la force de qui ne brigue rien. Cela se sentira. La faiblesse du Président sera devenue un atout.

En face de lui, le Président n'a pas de grands caractères, et il n'y a aucun sauveur. Il doit être seulement l'incarnation d'une prise de conscience que le temps presse, qu'il est celui d'une conscience et d'une union nationale, quelles que soient les personnes, y compris la sienne. L'élection viendra ensuite. Il y a tout le temps, elle ne passionne que par défaut, parce qu'on se rend bien compte que rien n'est traité. Dès qu'il va apparaître que les perspectives ne sont pas petites ni habituelles, quoiqu'elles soient évidentes, et que le pays est vraiment appelé à participer, à se manifester, tout sera différent. Sortir enfin du minable, de la page 2 du Canard et du néant qui se croit quelque chose.

Faites-le, que le Président le fasse.

Voeux chaleureux et pensées.

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