mercredi 17 mai 2017

premières tensions entre Emmanuel Macron et Édouard Philippe




Le président pensait pouvoir imposer à son Premier ministre, Édouard Philippe, un choix stratégique : son directeur de cabinet. Mais il a résisté.

Modifié le 17/05/2017 à 11:31 - Publié le 17/05/2017 à 10:16 | Le Point.fr


Un président « jupitérien », disait-il. Emmanuel Macron s'intéresse toutefois aux détails jusqu'à imaginer, lundi matin, pouvoir imposer à Édouard Philippe un directeur de cabinet de son choix. Pour le député-maire du Havre, qui prend tous les risques en quittant sa famille politique Les Républicains, il n'en est absolument pas question. Et, à l'issue d'un premier bras de fer avec le président, il parvient – et c'est la moindre des choses – à imposer son ancien camarade de promo de l'ENA Benoît Ribadeau-Dumas.
Emmanuel Macron avait un nom en tête : Nicolas Revel, l'actuel directeur de la Cnam, qui fut son condisciple à l'Élysée au début du quinquennat Hollande. Tous deux exerçaient la fonction de secrétaire général adjoint, à Macron l'économie, à Revel le social. Deux hommes complices. Auparavant, Nicolas Revel avait servi Bertrand Delanoë à la mairie de Paris

Le président Macron pensait pouvoir ainsi contrôler son Premier ministre en plaçant auprès de lui un homme dont il est proche. Pour la passation des pouvoirs, Macron n'avait pas manqué d'inviter son ancien collègue, dimanche, à l'Élysée. Au moment où les collaborateurs du président sortant doivent quitter la salle des fêtes, comme le veut le protocole, Nicolas Revel, lui, reste à l'intérieur, signe qu'il pense faire partie de la nouvelle équipe... La scène est racontée par Vincent Feltesse, le conseiller aux élus de François Hollande, sur son blog.

Cinq ministères

Édouard Philippe a tenu bon. Lundi matin, tant que sa nomination n'est pas officielle, il est encore en position de force par rapport à un président lancé dans une vaste opération de triangulation vis-à-vis de la droite. Partant à la pêche aux soutiens LR, Macron joue à fond les divisions entre juppéistes et sarkozystes, hameçonnant les premiers pour affaiblir les seconds. Édouard Philippe, même s'il n'est pas très connu du grand public, n'est autre que le bras droit d'Alain Juppé. Il entraîne avec lui l'aile juppéiste du parti, dont une bonne centaine d'élus locaux. « L'appel des 22 », rédigé dimanche à l'initiative de Gérald Darmanin, a rencontré un large écho auprès des élus de base, rompus sur le terrain à la gestion transpartisane des collectivités.

Philippe négocie ensuite l'entrée de ses amis juppéistes aux postes-clés du gouvernement. Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, un fidèle de Juppé, décline une belle proposition. Édouard Philippe était prêt à lui offrir l'Aménagement du territoire ou encore l'Intérieur. En effet, alors que la Place Beauvau semble promise à Gérard Collomb, il semble que celui-ci renâcle, vu son âge et quelques soucis de santé, à assumer une charge aussi lourde.

La question consiste à savoir dans quel contingent placer les ministres MoDem (telle Sylvie Goulard). Faut-il voir en eux des ministres « En marche ! » ou bien sont-ils considérés comme des prises à droite, et par conséquent affectent le contingent des cinq ministères offerts au choix de Philippe ? Fabienne Keller, sénatrice LR du Bas-Rhin, est parmi les mieux placés, car « il faut des femmes », glisse-t-on dans l'entourage du Premier ministre.
Autre question délicate : quel positionnement le Premier ministre devra-t-il avoir vis-à-vis des candidats LR au cours de la campagne des législatives qu'il doit mener ? « Philippe ne se déplacera que dans les circonscriptions dans lesquelles il y a un risque d'une victoire du Front national et dont les candidats LR ont clairement rejeté la main tendue du président Macron », précise-t-on chez les juppéistes. En effet, même dans les circonscriptions acquises aux juppéistes, le trouble est grand dans la mesure où les candidats LR les plus proches des idées du président Macron vont tout de même devoir affronter des candidats d'En marche ! qui pensent comme eux...

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