lundi 17 juillet 2017

comment s'est préparée la rafle du Vél' d'Hiv ? par Baudouin Eschapasse, LePoint.fr


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On a célébré ce dimanche le 75e anniversaire de la rafle du Vél d'Hiv, la plus importante vague d'arrestations et de déportations de Juifs en France lors de la Seconde Guerre mondiale.


Modifié le 17/07/2017 à 11:59 - Publié le 16/07/2017 à 09:26 | Le Point.fr
Commémoration de la rafle du Vél' d'Hiv, le 16 juillet 1956, à Paris.

Commémoration de la rafle du Vél' d'Hiv, le 16 juillet 1956, à Paris. © AFP
L'opération était initialement prévue entre les 13 et 15 juillet 1942. Mais, pour éviter qu'elle ne coïncide avec le jour de la fête nationale, elle fut décalée au 16 et au 17. Décidée par les autorités de Vichy, en accord avec l'occupant allemand, le 16 juin précédent, soit un mois avant son déclenchement, cette vague d'arrestations visait initialement à déporter 22 000 Juifs de la région parisienne.
13 152 personnes, dont plus de 4 000 de moins de 18 ans, furent finalement arrêtées et détenues au Vélodrome d'Hiver (le Vél' d'Hiv, qui a donné son nom à cette rafle), au camp de la Muette à Drancy (Seine-Saint-Denis), mais aussi à celui de Pithiviers (Loiret). Compte tenu de l'ampleur du projet, 6 000 agents de police furent mobilisés pour ces deux journées.

Plus de deux mois de préparation

Tout commence le 6 mai 1942, lorsque René Bousquet, nommé quelques jours plus tôt secrétaire général de la police (un intitulé qui correspond au poste d'adjoint au ministre de l'Intérieur, par ailleurs chef de gouvernement : Pierre Laval), rencontre Reinhard Heydrich, le chef du RSHA, l'Office central de sécurité du Reich (qui sera abattu quelques jours plus tard à Prague). Bousquet, jeune et ambitieux préfet de 33 ans, apprend à cette occasion que les Allemands projettent de déporter plus de 100 000 Juifs vivant en France, en Belgique et aux Pays-Bas au cours de la seule année 1942.
Découlant de la mise en application des décisions prises sur la « Solution finale » voulue par Hitler lors de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, cette opération, baptisée « Vent printanier », marque le début de la mise en place d'une politique industrielle d'extermination des Juifs.

Le concours de l'administration française

Le gouvernement français accepte de prêter main-forte à ce projet criminel. Les Allemands n'entendaient, au départ, déporter que les Juifs de 16 à 55 ans. Pourtant, Pierre Laval propose d'abaisser cette limite d'âge à 2 ans et d'autoriser la déportation des hommes jusqu'à 60 ans.
Le 26 juin 1942, lors du conseil des ministres qui se tient à Vichy, le chef du gouvernement annonce que Jean Leguay, adjoint de René Bousquet pour la zone occupée, a été convoqué, la veille, par Theodor Dannecker, conseiller SS aux Affaires juives. Ce dernier, chargé de mettre en œuvre la « Solution finale » à l'échelon français, réclame la livraison de 10 000 Juifs de zone sud et l'arrestation de 40 % de Français (parmi les 22 000 qui doivent être arrêtés dans les seuls départements de la Seine et de la Seine-et-Oise).
Pierre Laval et René Bousquet valident cette demande. Quatre jours plus tard, Adolf Eichmann, de passage à Paris, donne à Dannecker des instructions précises « en vue de libérer totalement et le plus vite possible la France des Juifs ». Ces informations sont répercutées au chef de l'État Philippe Pétain.
La police française est susceptible de rendre les plus grands services.
Le 2 juillet 1942, René Bousquet accepte officiellement de mettre les fonctionnaires de son ministère au service de l'occupant. En échange, il obtient la promesse de diriger un « corps de police unifié », indique Jean-Marc Berlière, historien spécialiste de la police. Le 18 juin précédent, il avait indiqué au général Carl Oberg, commandant supérieur de la SS et de la police allemande en France : « Vous connaissez la police française. Elle a sans doute ses défauts, mais aussi ses qualités. Je suis persuadé que, réorganisée sur des bases nouvelles et énergiquement dirigée, elle est susceptible de rendre les plus grands services. Déjà, dans de nombreuses affaires, vous avez pu constater l'efficacité de son action. Je suis certain qu'elle peut faire davantage encore. »
Le 3 juillet, au cours d'un nouveau conseil des ministres, Pierre Laval évoque à nouveau à demi-mot l'opération en demandant que le recensement des Juifs français, effectué en octobre 1940, soit mis à jour.
Le 4 juillet, un « groupe de travail » présidé par le commissaire général aux Questions juives, Louis Darquier de Pellepoix, est mis en place. Il réunit les responsables des services administratifs qui devront préparer les rafles des 16 et 17 juillet. Une campagne de propagande est envisagée pour justifier auprès de l'opinion publique une opération qui risque de « choquer ».

Quand des volontaires prêtent main-forte

Le 7 juillet, c'est dans les bureaux de la police SS, situés au 31bis, avenue Foch, que se tient une réunion cruciale d'« organisation ». Y assistent l'adjoint de Dannecker (Ernst Heinrichsohn), mais aussi des Français : Darquier de Pellepoix et Pierre Gallien (CGQJ), Jacques Schweblin, directeur de la Police des questions juives, Jean François, directeur de la police générale à la préfecture, André Tulard, directeur du service des Étrangers et des Affaires juives de la préfecture de police (qui a travaillé à la mise en place d'un fichier juif qui sera fréquemment utilisé pour traquer les familles). Émile Hennequin, directeur de la police municipale, est accompagné du commissaire Georges Guidot.
Il est indiqué que des volontaires du Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot assisteront les Allemands chargés d'interpeller les Juifs français. Parmi eux figurera Victor Barthélemy, numéro deux du PPF et qui, trente ans plus tard, participera à la fondation du Front national. Il est convenu que le coup de filet sera lancé à l'aube. Les Juifs doivent être arrêtés, dès 5 heures du matin, à leur domicile, puis être « triés » dans des centres de rassemblement. Leur sort final est-il évoqué à cette occasion ? Leur déportation semble évidente : ils ne sont autorisés à n'emporter qu'une seule valise.

Le compte à rebours est lancé

Le 10 juillet, une dernière réunion préparatoire se déroule au siège du Commissariat général aux Questions juives (1, place des Petits-Pères). Est présent Theodor Dannecker, mais aussi Heinz Röthke qui va lui succéder. On compte également Heinrichsohn, Leguay, Gallien, ainsi que des représentants de la SNCF, de la police municipale et de l'Assistance publique puisque la rafle implique des risques sanitaires. L'un des participants à cette réunion suggère que des seaux « hygiéniques » soient installés dans les trains pour permettre aux déportés de se soulager pendant leur voyage vers l'Est.
Le matin du 15 juillet, le préfet de police Amédée Bussière convoque les commissaires parisiens pour leur rappeler que la police municipale a renforcé les services de l'Est parisien, « à forte implantation juive ». Et qu'une cinquantaine d'autobus de la Compagnie des transports en commun de la région parisienne (CTCRP, ancêtre de la RATP) sont mis à leur disposition pour le transfert des personnes arrêtées. Dix autocars aux vitres grillagées ont été réquisitionnés pour les « récalcitrants ». Bussière leur transmet les dernières consignes. Elles sont strictes : ne pas discuter les ordres, fermer les compteurs d'eau et de gaz des appartements visités, confier les animaux et les clés à la concierge ou au voisin, emmener les enfants, même de nationalité française.

Le sort des enfants

Des assistantes sociales sont convoquées le même jour. On leur explique qu'elles devront prendre en charge, pendant quelques jours, quelque 400 enfants. Ils seront en réalité plus de 4 000…, dont 800 de moins de six ans. Le 17 juillet, décision est prise de les acheminer, seuls, vers les camps d'internement de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, d'où ils seront transférés vers les camps d'extermination de Pologne, début août.
55 Commentaires
Par mauki le 18/07/2017 à 19:27
Sortez la cilice !
Lacheznous la grappe avec la France responsable de la déportation de juifs pendant la dernière guerre mondiale  !
Qu’on fait les pays comme l’Angleterre et les états unis lorsque le paquebot « le Saint louis », qui était parti de Hambourg avec un milliers de juifs qui partaient en abandonnant tout  ?
Ils ont refusé d’accueillir les juifs qui fuyaient Allemagne nazi  ! Environ un centaine ont réussis à débarquer, mais pas aux états unis qui à refusé l’entrée dans les eaux territoriales.
Retour à Hambourg, ce qui a fait dire aux allemands  :
vous aussi vous n’en voulez pas  !
Qu’ont fait les alliés lorsqu’ils ont été avertis des camps de concentration  ?
RIEN  !
Mais après, lorsque les troupes sont arrivées dans les camps...
Et en France lorsque les déportés sont revenus, comment les avons-nous transportés à partir de la gare  ? En bus  ! Les mêmes qui les avaient transportés au départ  ! Et le lieu pour se faire recenser  ? Incroyable.
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Par paul360 le 18/07/2017 à 13:00
! !
À en juger par la variété des commentaires et par la violence de certains le sujet n'est pas encore entré dans l'Histoire! Alors laissons tout cela aux historiens et évitons de juger et Macron et les autres. Né en 1936 j'ai vécu cette guerre comme un gamin qui avait peur, peur entre sa mère pour la vie de ses enfants (jeunes) et aussi un frère plus âgé (à peine) qui était FFI et qui (lui aussi) faisait trembler sa mère.
Alors laissons cette période aux historiens et évitons, évitez de juger car vous n'y étiez pas et Dieu seul sait ce que vous auriez fait alors.
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Par 13mai58 le 18/07/2017 à 08:04
J'ai interrogé un témoin proche de 97 ans qui passait par là...
Venu par hasard ce jour là de sa banlieue par le train, il se trouva près du Vel d'Hiv... Et fut surpris de voir un nombre de cars si nombreux alors que le carburant était si rare.
Ce qu'il vit ce sont des familles poussées fermement, mais sans brutalité dans les bus...
Lui fut raflé pour le STO et contraint au travail forcé dans une usine où il subit bien des sanctions. Il y cotoya Brassens, qui faisait les délices des gardiens par les dessins pornographiques affichés dans leur dortoir !
Plus que tous les " indignés " et autres repentants apatrides de service quelque soit leur posture politique... Il réclame un peu de respect pour un peuple qui était sous la menace de représailles de l'occupant. A beau jeu celui qui juge !
Simone Veil fut une française exemplaire sur ce sujet vécu par elle.
Je n'ai vécu que la Saint barthelemy marxiste post Evian de 1962. Ceux qui y ont survécu sont les seuls qualifiés pour l'évoquer.
J'aimerais que Solférino Montreuil en finisse avec ses repentances apatrides qui ne reconnaissent les "nationalismes" et les " fiertés " qu'anti occident et étrangères. ...

A tout prendre c'est Marx et sa subversion qui permit à Hitler de prospérer chez nos voisins... Avec un " socialisme national" pour faire front au sabotage de ses usines par le " socialisme international "
Notre Révolution fut fomentee par des bourgeois jaloux des privilèges de robe et d'épée et ameuterent les " idiots utiles " d'alors pour prendre la Bastille et semer la Terreur...

Nous avions digéré cette cassure... Et vint le temps de la " decolonie " utilisée par le Reicht contre les Alliés, puis après Setif 1945 (manif de désespoir de la chute d'Hitler !) par Moscou
Lire Onfray sur la virulence "anticollabo "de Sartre et la mesure de Camus (Vie libertaire d'Albert Camus)...
Ce sont souvent les plus lâches qui culminent contre la lâcheté d'autrui.
Que dire donc de nos porteurs de valises du FLN... Sans obligation autre qu'ideologique étrangère ?
Evian Vichy ?
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Par Jasmin le 17/07/2017 à 22:05
@grewillor
Si vous êtes le gouvernement de la France, le pistolet de l'occupant sur la tempe et aucun pouvoir militaire en zone occupée, si vous devez choisir entre sauver le Juif français et sauver le Juif étranger, quel est votre devoir ? Le devoir d'un gouvernement est d'assurer en premier la protection de ses ressortissants.
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Par 2017 àsuivre le 17/07/2017 à 21:27
Rappel complémentaire
La France et ses différentes autorités n'ont aucune responsabilité dans la construction et le fonctionnement des camps d'extermination nazis... En outre, les pays sous la botte nazie qui avaient conservé "une certaine autorité gouvernementale" ont moins contribué à la déportation que ceux administrés par un gauleiter nazi... Raul Hilberg, le grand spécialiste de la shoah, l'a bien démontré et c'est la thèse que reprenait récemment Claude Andrieu dans la somme sur la "Guerre-Monde"... La question est de savoir si un gouvernement Déat-Doriot, ou un gauleiter auraient fait pire... Mais la réponse n'est pas simple, ni évidente... Rappelons que de nombreux Alsaciens furent des "malgré-nous"... Certain ont même participé directement au massacre effroyable d'Oradour... Ne grâce, ne réécrivons pas l'histoire !
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Par Larry Quivach le 17/07/2017 à 18:19
Polémique
C'est vrai qu'il ne faut pas polémiquer mais je le fais quand même car les jeunes qui sont tentés par la démagogie des le Pen, ignobles de père en fille et petite fille, doivent connaître la vérité.
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Par henriette le 17/07/2017 à 16:44
DEPORTATION DES JUIFS
Moi AUSSI ? AVAIS 10/12 ANS A CETTE EPOQUE ? ET NOUS AVONS SOUFFERTS DE L EXODE ET DE CETTE MAUVAISE EPOQUE.
MAIS JE SUIS contre cette nouvelle façon de faire des polemiques sur le temps passé
nos politiques sont élus pour s occuper de l époque actuelle= car le temps actuel n est pas joli/joli= chomage/insecurité/immigration masive
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Par futanari le 17/07/2017 à 15:27
Omission !
@G. Gaudin, le gouvernement Britannique puis la France déclarèrent la guerre à l'Allemagne le 3 Septembre 1939 car la Wehrmacht venait d'envahir la Pololgne 1er Sep. Sans avertissement et nous avions un accord avec elle, ultimatum envoyé à Berlin expirant le 3, à 11 h, dédain de Hitler, s'ensuivit "la drôle de guerre" alors que l'armée Française (M. Gamelin) pouvait attaquer sur le "front" occidental totalement dégarni des soldats du IIIème Reich occupés à l'invasion de la Pologne, "faut-il mourir pour Dantzig" disait le socialiste pacifiste Marcel Déat en Août 39...
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Par Larry Quivach le 17/07/2017 à 14:19
Vel d'hiv
C'est vraiment horrible et il serait bon que MLP lise ça.
Ceci dit je crois Simone Veil quand elle dit que la MAJORITE des français se sont conduits en honnêtes gens ou en héros.
Mon père avec la complicité d'un employé de la SNCF (du parti communiste)organisait la fuite de juifs (un seul à la fois) caché sous le plancher de la locomotive des trains qui allaient en zone libre. Là, mon grand-père qui avait un taxi les récupéraient pour les mettre en lieu sûr.
Ils ont eu de grandes difficultés un jour que l'un d'eux est mort de peur dans sa planque quand les allemands piétinaient le plancher au-dessus de sa tête !
J'étais enfant quand mon père m'a raconté cette histoire mais combien de juifs ont été sauvés par des gens courageux (ou inconscients) car il fallait en avoir... Pour se livrer à ce genre d'exploit.
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Par grewillor le 17/07/2017 à 13:23
@ octogénaire
Que cette mascarade cesse ! ! !

Oui la France de 1942 est coupable !

Il ne s'agit pas de dire que tous le Français de l'époque l'étaient eux aussi et personne d'ailleurs ne le dit, y compris Emmanuel Macron.

L'état français de cette période, c'était la France officielle et cette France là n'a pas les mains propres dans cette "affaire".

Aujourd'hui, nous devons reconnaître et ne pas le nier, que notre histoire a une tâche indélébile qui, par définition, ne s'effacera jamais.

C'est une vérité historique que nous ne pouvons pas écarter d'un revers de main ou avec des sémantiques qui coupent le cheveux en quatre pour laver plus blanc que blanc !

Ce n'est pas de la repentance et il ne s'agit pas de se flageller ou simplement de se sentir coupable de quoi que ce soit aujourd'hui et c'est malheureusement cela que vous ne comprenez pas !

La France a une tâche sur son histoire, c'est ce qu'a officialisé Jacques Chirac et que depuis ses successeurs perpétuent chaque année !

Ni plus ni moins !

Alors rengainez votre mauvaise humeur qui commence à s'apparenter un peu à du révisionnisme soft !

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