mardi 15 août 2017

en cent jours, Emmanuel Macron a déjà connu trois périodes bien différentes --- Huffington Post


De l'état de grâce à la chute brutale, le début du quinquennat n'a pas manqué de rebondissements.

14/08/2017 17:14 CEST | Actualisé il y a 9 heures
Alexandre Boudet

Stephane Mahe / Reuters
En cent jours, Emmanuel Macron a déjà connu trois périodes bien différentes
POLITIQUE - "On ne peut pas être dans un pays où la campagne dure deux ans et une présidence se réduit à cent jours. Je ne crois pas aux cent jours." Début avril dans Le JDD, Emmanuel Macron théorisait son début de quinquennat et, sans doute échaudé par les ratés du début du quinquennat Hollande, il voyait seulement dans ce laps de temps symbolique le moyen de construire "les fondations d'une action pérenne".
Un peu plus de trois mois après son élection, voici donc que ce premier cap est franchi par le huitième président de la Ve République. Ce mardi 15 août, cela fait exactement cent jours que l'ancien ministre de l'Economie a battu Marine Le Pen, devenant ainsi le successeur de François Hollande qu'il a officiellement remplacé à l'Elysée le dimanche 14 mai.
Sans surprise, le contrat est rempli, estime le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Dans une tribune publiée sur Facebook, le plus médiatique des macronistes assure que ces cent jours ont "permis de jeter les bases d'une transformation profonde" du pays. Plusieurs promesses de campagne ont en effet été rapidement tenues, permettant au pouvoir d'affirmer que ces premières semaines ont été mises à profit pour "fixer le cap et engager l'action".
Le secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement ajoute cependant que c'est "aux Français, et à eux seuls, de porter un jugement sur ces cent premiers jours du quinquennat". Or la lecture des nombreuses enquêtes d'opinion publiées depuis la mi-mai a de quoi alerter Emmanuel Macron et son équipe. C'est un peu comme si le pouvoir avait déjà connu trois grandes phases.
15 mai - 18 juin. L'état de grâce
Auréolé d'une large victoire face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron réussit parfaitement son entrée en fonction. Du jour de son investiture à la nomination de son premier gouvernement (il parvient à convaincre Nicolas Hulot de le rejoindre) qui brise largement les codes et les clivages politiques traditionnels, ses premiers pas sont salués très largement. C'est aussi le cas hors des frontières françaises puisque l'hebdomadaire britannique The Economist va jusqu'à présenter le président français en homme qui marche sur l'eau. Ce sentiment se confirme dans les urnes à l'occasion des élections législatives lors desquelles les Français offrent une confortable majorité au Président.
Même si la République en Marche connaît un petit reflux pendant l'entre-deux tours, le parti macroniste obtient la majorité absolue à lui tout seul alors que certains pariaient sur une cohabitation au lendemain du 7 mai. Les six ministres engagés sont élus députés et surtout, de la France insoumise au Front national, l'opposition est morcelée. On se dit alors qu'Emmanuel Macron a les coudées franches pour opérer "la révolution" qu'il a vantée dans son livre de campagne.
19 juin - 19 juillet. La découverte du président Jupiter
Seulement les premières alertes ne tardent pas. Annoncé comme technique, le remaniement consécutif aux législatives est finalement très politique après les départs de deux poids lourds qu'étaient Richard Ferrand et François Bayrou englués dans des affaires judiciaires. Durant ce deuxième mois de présidence, les Français se familiarisent aussi avec le mode de gouvernance d'Emmanuel Macron, président jupitérien qui est muet dans les médias (il va jusqu'à zapper la traditionnelle interview du 14-juillet) mais soigne sa communication au millimètre. Les sans-faute réalisés lors des visites en France de Vladimir Poutine et Donald Trump en sont la meilleure illustration.
Mais pendant que plusieurs de ses ministres lancent les premiers grands chantiers du quinquennat -loi de moralisation, réforme du code du travail, sortie de l'état d'urgence- le président de la République commence à être raillié pour son exercice monarchique du pouvoir. Qu'il s'adresse devant les parlementaires en Congrès à Versailles la veille du discours de politique générale de son premier ministre Edouard Philippe est particulièrement mal vu par l'opposition.
20 juillet - 15 août. Un été difficile
La démission du général de Villiers donne le ton d'un troisième mois très difficile pour Emmanuel Macron. Tancé publiquement par le président après avoir critiqué des coupes budgétaires, le militaire est le premier chef d'Etat major des Armées à quitter son poste. Cet épisode détonnant dans le monde feutré de l'armée survient au moment des premières décisions budgétaires délicates: gel du point d'indice des fonctionnaires, coup de rabot sur les APL, CSG pour les retraités... Pendant que sa majorité prend parfois difficilement ses marques à l'Assemblée (malgré le vote de tous les textes engagés), la cote de popularité du Président subit une chute conséquente, plus brutale que tous ses prédécesseurs.
Conséquence: le chef de l'Etat conclut ses cent jours à un niveau inférieur à celui de François Hollande il y a cinq ans. "Le risque qui guette aujourd'hui le président, c'est que les Français passent progressivement du 'il est brillant et réussit tout ce qu'il entreprend' à 'en fait, tout ça, c'est de la com'", analyse Jérôme Fourquet de l'Ifop. S'il n'y a pas encore péril en la demeure, la rentrée donnera le ton puisque l'exécutif lèvera enfin le voile sur le contenu des ordonnances pour réformer le code du travail. Et de la mobilisation contre cette réforme dépendra une grande partie de la popularité d'Emmanuel Macron.
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